Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces protégées La Flore 17


Protégeons ces espèces menacées


La posidonie, arbre de vie de la mer Méditerranée.
C’est l’espèce végétale qu’il convient de protéger
en priorité.
Toute vie commence par les plantes. En mer, il
y a des algues et il y a la posidonie. En effet, la
posidonie n’est pas une algue mais une plante à
fleurs. Si les plantes à fleurs sont peu nombreuses
dans les mers et les océans (moins de soixante
espèces différentes contre plus de vingt mille
visibles à l’œil nu pour les algues) elles jouent un
rôle considérable.
La posidonie se rencontre devant toutes les côtes
de Méditerranée entre zéro et quarante mètres
de profondeur (à l’exception des côtes du
Levant : Egypte - Palestine - Israël - Liban - Syrie).
Elle constitue de véritables forêts sous-marines
avec des densités atteignant les mille faisceaux de
feuilles par mètre carré et huit feuilles de quatre-
vingts centimètres à un mètre par faisceau.
Dédiées à Poséidon, Dieu de la mer, les posidonies
fixent les fonds grâce au lacis imputrescible de
leurs tiges (rhizomes) rampantes ou dressées
qui s’élève lentement : un mètre par siècle! A
la base des édifices constitués de rhizomes et de
sable (la matte), il n’est pas rare de trouver des
rhizomes morts ayant cinq mille ans d’âge (mieux
que le tronc des plus vénérables de nos oliviers)!
Le sol de notre proche littoral est ainsi bien fixé.
La végétation luxuriante de cette forêt de
posidonies abrite une multitude d’organismes
marins : algues et animaux invertébrés se fixent
sur les rhizomes ou les feuilles. Les poissons et
les oursins mangent les feuilles ou les algues
fixées sur les posidonies. Les posidonies jouent
aussi le rôle d’abri pour les petits poissons
menacés par les grands.
La forêt de posidonies est l’oasis littoral qui
précède les étendues désertiques vaseuses des


grands fonds ténébreux. Cette forêt est très
menacée car l’homme habite sur le bord de cette
oasis : il bétonne ses abords pour construire
les ports de plaisance et, en troublant l’eau par
les rejets urbains, il fait mourir par manque de
lumière les arpents les plus profonds de la forêt
sous-marine.
Sur la Côte d’A zur, l’effort considérable entrepris
pour l’épuration des eaux urbaines a rendu leur
qualité aux eaux littorales.
Les dégâts causés ces vingt-cinq dernières années
ont cependant entraîné un recul très marqué de
la limite inférieure de l’herbier de posidonies qui
est remonté de plus de cent mètres par endroits.
Ces dégâts mettront... trois mille ans à s’effacer,
car la plante ne progresse horizontalement que
de trois centimètres par an!
On s’efforce actuellement de la transplanter
( p. 199 à 201) : c’est la seule façon de reconstituer
les forêts sous-marines détruites par le passé!

© Alexandre MEINESz
Herbier de posidonies : la forêt sous la mer. Ici les
tiges (les rhizomes) poussent verticalement (elles
sont orthotropes)

La posidonie Posidonia oceanica
Alexandre Meinesz, professeur émérite à Université Côte d’Azur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS »)
[email protected]

Ba Be Na F

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