Aires marines protégées 209
Respectons les aires marines protégées
dans la réserve se répartissent à l’extérieur. Cet
ensemble de conséquences très favorables pour
la préservation et le renouvellement des stocks
s’appelle « l’effet réserve ».
En Méditerranée la multiplication des espaces
protégés par des interdictions de pêche a fait fleurir
de multiples initiatives internationales pour valoriser
ou synthétiser les actions locales ou nationales.
Ces initiatives émanent d’associations
(organisations non gouvernementales) comme
l’Union Internationale pour la Conservation de la
Nature (UICN), le World Wild Foundation ( WWF),
le Mediterranean Protected Areas Network
(MedPAN), ou d’institutions internationales comme
l’UNESCO, le Conseil de l’Europe et le Programme
des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE)
avec son Centre d’Activités Régionales pour les
Aires Spécialement Protégées (CAR/ASP).
L’activité de ces structures concerne la publication
de synthèses, d’inventaires sélectifs d’aires
marines protégées (celles qui correspondent à
leur dénomination ou qui sont politiquement
acceptables ou valorisables), la création de réseaux
de gestionnaires, l’organisation de multiples
symposiums et la mise en place de labels pour
les aires marines protégées reconnues. Certaines
interviennent auprès des Etats pour encourager la
mise en place de nouvelles aires marines protégées.
Tous ces organismes cités sont pour la plupart des
associations (ONG), souvent en concurrence, avec
des frais de fonctionnement récurrents ( personnel,
locaux), financées par des Etats ou institutions
nationales ou internationales. Ainsi leur politique
de communication ou de labellisation est souvent
orientée par leur dépendance financière, ce qui se
traduit parfois par une certaine mansuétude dans la
mise en valeur ou la labellisation de certaines aires
marines protégées.
La beauté des sites protégés (le littoral attenant et les
espaces sous-marins) et la richesse biologique des
fonds concernés sont des notions trop subjectives
pour les ériger en labels.
Pour chaque large région de Méditerranée, un
espace littoral et sous marin peut être remarquable.
Remarquable dans le sens que la composition
de la faune et de la flore associée est celle qui
correspond aux caractéristiques du milieu de la
région (température des eaux, particularité de la
répartition biogéographique des espèces...). Un
label ne doit pas être lié à la présence ou absence de
telle ou telle espèce emblématique ou « à la mode »
auprès d’associations de protection d’espèces, ni
à la beauté des espaces terrestres environnants.
La labellisation d’un espace naturel marin (éloigné
des principales pollutions bactériologiques ou
chimiques urbaines et industrielles) représentatif
des milieux préservés d’une région donnée, ne
devrait concerner que le constat d’aboutissement de
sa gestion : lorsque l’effet réserve est constaté et que
sa pérennité semble assurée par une surveillance à
la hauteur des pressions anthropiques de la zone.
L’utilisateur de la mer est très éloigné des
préoccupations de reconnaissance parfois factice
qui préoccupe et occupe les gestionnaires et
les politiques. Ainsi qu’une aire soit labélisée ou
non « Aire Spécialement protégée d’Importance
Méditerranéenne (ASPIM) », qu’elle ait ou non le
« Diplôme européen d’aire marine protégée »,
qu’elle fasse partie ou non des « sites du patrimoine
mondial de l’Unesco » ou de la « Liste verte des aires
protégées » de l’ONG IUCN, qu’elle soit référencée et
encensée ou non dans les synthèses confidentielles
des associations a peu d’importance. Sur place, seul
le résultat de la surveillance se constate : soit un
espace marin où la pêche est règlementée est bien
surveillé avec un haut niveau d’effet réserve, soit
cette surveillance est absente ou pas à la hauteur de
la surface du site et de sa fréquentation.
Un seul marin-pêcheur avec une embarcation
motorisée peut poser plusieurs kilomètres de
filets jusqu’à 200 mètres de profondeur devant
l’ensemble du littoral
© Observatoire marin / Bérengère CASALTA