Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

26 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


faible adhérence au rocher en font une espèce
très vulnérable à la destruction de son habitat
(aménagements littoraux), aux agressions
mécaniques (chocs, piétinement) et à la pollution
de surface.


Neuf espèces, c’est peu comparé à la très longue
liste des plantes méditerranéennes terrestres
menacées. Est-ce à dire que les menaces sont
moindres en mer que sur terre? Certainement
pas : en mer la végétation occupe une surface
infiniment moindre que sur terre et les pressions
dues aux activités humaines peuvent être aussi
intenses que sur terre.
Tributaire de la lumière, l’amplitude verticale de la
végétation marine n’excède pas une centaine de
mètres, soit la hauteur d’une petite colline! Plus
profond, il n’y a plus d’algues. Sur une carte du Sud
de la France et de la Corse, alors que la végétation
terrestre occupe la presque totalité du territoire,
la végétation marine se réduit à un fin liseré côtier
parfois localement insignifiant. Alors, pourquoi si
peu d’espèces d’algues ont été retenues pour être
protégées? Pourquoi a-t-on sélectionné que des
algues pour la plupart très rares et identifiables
seulement par quelques initiés?
Les réponses à ces questions nécessitent de
se replacer dans les années 1970, époque de
l’élaboration des Conventions internationales
protégeant des espèces. Aucune liste d’algue à
protéger n’existait, il fallait donc innover. En mer,
les connaissances sur les espèces étaient limitées
et leur acquisition bien plus difficile que sur terre.
Il a donc fallu proposer rapidement une liste
« à dire d’experts ». Les critères de choix ont été
multiples : l’endémisme, la rareté, l’importance
écosystémique, la fragilité et l’importance
patrimoniale. La liste proposée au départ
était beaucoup plus longue, plus ambitieuse,
probablement trop pour des Etats. Résultat, ce
sont surtout les espèces les plus rares qui ont été


retenues. Les chances de les rencontrer étant très
faibles, recommander leur protection n’engageait
pas à grand-chose. Les politiques sont passés
maîtres dans ce type de décision sans réelles
contraintes.
Il est important de préciser à ce propos que
jusqu’à présent, aucune des espèces de cette liste
n’a acquis un véritable statut de protection en
France (seules les espèces indiquées par un arrêté
le sont).
Depuis les années 1970, alors que la liste de plantes
terrestres menacées ou en danger n’a cessé de
s’allonger, la liste des végétaux sous-marins est
restée malheureusement inchangée (excepté
pour les Cystoseira). Les petites fleurs bénéficient
de plus d’attention que les algues qui vivent sous
la surface de l’eau. Comme l’on dit « loin des yeux,
loin du cœur ».

Les autres algues de Méditerranée citées
dans les conventions internationales mais
non observées devant les côtes françaises

Nous présentons ci-dessous 6 des 7 espèces citées
dans les conventions de Barcelone ou de Berne
mais qui n’ont à ce jour jamais été observées en
Méditerranée (manque Sargassum flavifolium).

Algues brunes


  • Fucus virsoides. Espèce présente uniquement
    au fond de l’Adriatique.


Fucus virsoides © Marc VERLAQUE
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