La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1
L’Arc

La même perfection utilisée pour le bois central est utile pour les autres éléments. Ainsi donc, l’arc est
taillé spécifiquement dans le bois de l’arbre « zo’o », ou alors dans l’arbre « ébam ». Ce dernier arbre
est utilisé par plusieurs groupes beti pour concocter des tisanes antipaludiques à partir de son écorce que
l’on fait bouillir. Quant à l’arc, il est appelé « Endziè ». Nous pouvons donc dire que fabriquer une
arbalète obéissait à la maîtrise des arbres sinon le résultat n’était pas celui escompté.


La Cordelette

La cordelette utilisée comme gâchette est faite à base d’une fibre de l’arbre « échuèmè » lorsqu’il est
encore tout jeune. Elle est travaillée dans la fibre pendant un certain temps. C’est ce travail qui lui
confère la qualité de résister à la pression lorsqu’elle est tirée, sans se rompre. Cette cordelette est
appelée « mboua » ou « mbua ».


Les Fléchettes

L’arme examinée, nous nous intéressons aux fléchettes et autres éléments qui entrent dans l’utilisation
d’une arbalète. Ainsi, le carquois appelé « Koula mban » sert pour le transport des fléchettes. Il est fait
à base de peau d’animal dont la préférence est donnée aux grands animaux dont la peau est dure et par
conséquent résiste plus aux assauts du temps et surtout aux intempéries.
Les fléchettes sont taillées dans le raphia, avec cependant une préférence pour le raphia appelé « Andzim
». Ses fléchettes, très résistantes sont les meilleurs projectiles.


Le Poison

Et pour couronner tout cet assemblage, le tireur va préparer le poison dont il enduira les fléchettes, il
s’agissait pour cela de mélanger en un seul ensemble tous les produits capables d’ôter la vie le plus vite
possible. Et tous les témoignages recueillis accordent la première place au poison préparé à base des
éléments de la grenouille « mvoñ » dont nous avons signalé la dangerosité dans l’article sur
l’empoisonnement. Et cette arme, bien préparée, servait au Beti ancien à se procurer du gibier pour ses
plats et à terrasser son ennemi en peu de temps en cas de guerres. Car guerrier impitoyable, le Beti
ancien l’était.


Les Proverbes Chez Les Beti : Leur Rôle Social


Avant l'arrivée du blanc, le Beti ne disposait pas d'un système d'écriture conventionnel qui puisse lui
permettre de consigner les réalités socioculturelles pour la postérité. La sagesse ou Feg Beti est donc
transmise de bouche à oreille grâce à un système d'initiation bien structuré tel que nous l'avons vu plus
haut, parlant de la littérature de ce peuple.


D'une manière générale, le proverbe beti est conçu pour communiquer une sagesse active.
En effet, pour le Beti, il existe deux types de savoirs : celui qui est imposé par l'Occident et acquis à
l'école européenne, détenu par ceux qu'on appelle les intellectuels ou les Elites ; et celui qui vient des
ancêtres : c'est le Feg Beti, de sagesse séculaire, de compétences pratique, de lucidité dans l'organisation
socio-économique. C'est ce savoir qui a d'abord permis la maîtrise du milieu et des hommes.


Le proverbe qui est l’un des paliers par lequel nous parvient la sagesse ancestrale, vise à harmoniser
les comportements individuels dans la société. Les proverbes apparaissent dès lors comme une collection
de sentences servant de références aux membres d’un groupe d’hommes pour communiquer les
préceptes essentiels à son organisation ou rétablir la communication lorsque celle-ci est menacée

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