La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Proverbe : Ce qui tue l’antilope est attaché à sa patte/son sabot.
L’antilope est un mammifère dont la chair est très prisée des sages/initiés beti. Ses pattes se terminent
par des sabots qui laissent des marques très visibles lors de ses multiples déplacements ; et c’est très
souvent sur l’itinéraire de ces marques que les chasseurs tendent des pièges dissimulés au moyen de
feuilles mortes, et qui attrapent l’animal à la patte.
Ce proverbe est un avertissement : le danger ne vient pas souvent de très loin. Il peut se trouver juste à
côté de nous, car ceux qui nous veulent du mal ne sont pas forcément nos ennemis, mais souvent nos
amis, nos proches parents.
En outre, la sagesse du proverbe est que nous devons chercher les causes de notre mort, de notre
infortune, de notre chute en nous-mêmes, à travers nos actes, nos paroles, notre comportement. C’est
d’ailleurs pour cela qu’à la mort d’un grand initié « protégé » par ses charmes, les autres initiés rejetaient
la faute de sa chute sur lui. Car lui seul avait pu briser le bouclier qui le protégeait.


Proverbe : Un coq ne chante que dans sa cour.
Ce proverbe évoque une scène quotidienne dans les villages ; la vie dans la basse-cour. Le coq, chef de
la basse-cour manifeste sa puissance et sa virilité par de fréquents chants. Seulement, cela n’est possible
que lorsqu’il se trouve en terrain connu et conquis. Cette sagesse nous invite à reconnaître nos limites,
mais également quand est-ce que nous sommes en position de faiblesse. Il faut éviter de provoquer
quelqu’un lorsqu’on se retrouve en terrain inconnu, inconquis, en position inconfortable, sans recours
aucun. C’est une invitation à l’esprit d’humilité, de réalisme. Il a comme équivalents :


Proverbe : On n’est roi que chez soi.
Proverbe : On ne jure pas dans la cour d’autrui.


Thématique Relative au Règne Végétal


Nous retrouvons ici des proverbes qui font allusion dans leur structure de surface aux végétaux c’est-à-
dire de manière générale à la flore. Le premier proverbe est celui-ci :


Proverbe : Lorsque le terrain à cultiver est dur, les macabos que l’on devrait y planter sont condamnés
à retourner au village.
Ce proverbe nous invite à savoir abandonner lorsqu’une entreprise est vouée à l’échec. Rien ne sert à
vouloir à tout prix atteindre un objectif alors que les prévisions nous montrent pertinemment que rien
ne pourra réussir.
Le macabo est l’un des tubercules prisés par les Beti. Sa culture nécessite un terrain assez profond pour
permettre une bonne croissance des tubercules. Si le terrain à cultiver est dur, aride, il est voué à ne rien
produire. Cette maxime nous invite également à reconnaître nos limites et nos faiblesses face à
l’adversité.


Proverbe : Les herbes qui bordent la route n’ont jamais renseigné quelqu’un sur les passants, sur ce
qu’ils disent, sur ce qu’ils font.
Ce proverbe a pour équivalent :


Proverbe : La taupe/rat palmiste ne raconte pas l’obscurité.
C’est un proverbe qui nous invite à la réserve, au respect du secret. Un homme qui se respecte ne doit
pas dévoiler tout ce qu’il entend ou voit. L’image des herbes qui bordent un sentier est très significative.
En fait, elles sont témoins d’innombrables scènes et histoires mais ne les révèlent jamais. Un homme
sage devrait donc s’apparenter aux herbes qui bordent les sentiers.
Le second est très en vogue également et significatif tout aussi ; la taupe ou rat palmiste est un animal
noctambule. Il se promène la nuit, à la recherche de la nourriture. Au cours de ses multiples
déplacements, il vit des situations qu’il se refuse de commenter, de peur de causer du tort aux personnes
impliquées.

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