La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

LA SOCIETE FANG-BETI-BULU MODERNE


Présentation Actuelle de la Société Beti-Fang


Bouleversements Observés Dans La Société Beti


La rencontre entre l’homme blanc et le Beti s’est faite sur plusieurs aspects de la vie au détriment du
dernier cité. En effet, que ce soit avec le missionnaire ou que ce soit avec l’administrateur, l’homme
blanc a tôt fait de montrer au Beti que ce dernier est un barbare, un sauvage qui devait être sauvé de la
déperdition, qu’il devait être civilisé.
Quant au missionnaire, il a tout fait pour déposséder l’homme Beti de ses forces de protection, de
fécondité, de richesse, le Beti devait être extirpé des méandres du satanisme, des croyances et pratiques
cannibales. Le missionnaire use pour cela de la confession pour entrer au cœur des sociétés et percer le
secret des rites et rituels.
Ainsi bousculé, déboussolé, désorienté et confus sur le fondement même de sa philosophie de la vie, le
Beti est tombé sous le pouvoir de manipulation du « nouveau venu », parfois appelé « Nnanga Kon »,
c’est-à-dire « le fantôme blanc ».


Fort de cette ascendance, le colonisateur par exemple fait remplacer le « mbi-ntum », porte-parole,
patriarche et chef de famille, soucieux du bien-être des siens, de l’équilibre familial, protecteur des
traditions, de la morale et de l’éthique. Il est substitué par le « chef » de village ou encore le « chef
supérieur » ; concept inconnu des Beti, véritable auxiliaire et dévot de l’administration, avide des
cadeaux et des honneurs accordés par le maître. Ce sont ces fabrications du colonisateur, espion et traitre
vis-à-vis des leurs, chargés de renseigner ceux qui les ont fait « rois » ou « chefs », qui sont les premiers
à se tourner contre les coutumes et traditions Beti. Ainsi Charles Atangana Ntsama, « chef supérieur des
Ewondo » fera-t-il interdire le rituel « So » dans tout le pays Beti sous son commandement.
L’on se rappelle encore que dans les écoles publiques et missionnaires, l’allemand et le français sont
obligatoires dans l’enceinte de l’établissement, tandis que les langues maternelles, (qui connaissent
aujourd’hui une grande promotion dans les ministères en charge de l’éducation) péjorativement appelées
« patois », sont proscrites. Et beaucoup de nos parents se rappellent encore du « symbole » ; carton
portant des inscriptions injuriantes, ou alors crâne de singe attaché à une corde et accroché au cou de
l’élève qui a parlé le « patois », (langage des petits animaux) dans la cour de l’école.


Tout cela pour apprendre au jeune élève à avoir honte de sa langue, de sa culture, en un mot de lui-
même. D’où l’abandon presque total de ses coutumes ; ce qui fait qu’aujourd’hui, l’homme Beti n’a plus
de la vie des anciens qu’un vague souvenir, parfois aussi alimenté et présenté par l’occidental, celui-là-
même qui est la cause de la déperdition du Beti.
De là, tous les aspects de la vie seront complètement chamboulés, transformés, au point où il est
maintenant courant de rencontrer des vieillards Beti-Fang, incapables d’expliquer au jeune la
signification de la danse ésana/ésani lors d’un deuil ; ou encore de voir des querelles éclater au sujet
d’un veuvage ou d’une veuve jugée « rebelle », « récalcitrante » par sa belle-famille.
La générosité, le sens du partage, du respect de l’aîné, de l’amitié, de la responsabilité du groupe sont
aujourd’hui inconnus du Beti. Il sera donc question dans la série d’articles à suivre, de présenter les
différents aspects déjà analysés sous leur configuration actuelle. Il s’agira ainsi de voir comment se
pratiquent de nos jours les cérémonies de mariage, de veuvage ; en un mot il s’agira de passer en revue
tous les aspects déjà signalés dans notre étude.

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