La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Au village, les signes ne sont pas encore très visibles, mais pour les Beti qui se retrouvent aujourd’hui
en ville, la parenté a tendance à épouser le modèle occidental. Il est maintenant courant de voir des Beti
dont les villages sont devenus des villes, incapable de reconnaître leurs cousins voire leurs neveux.
Un autre phénomène cher aux anciens Beti, mais aujourd’hui chamboulée est la relation oncle maternel-
neveu. En effet, l’influence des oncles maternels trouvait autrefois son fondement dans le fait que c’est
l’oncle maternel qui était le pourvoyeur de la richesse de son neveu. C’est auprès de l’oncle que le neveu
partait « manger du remède de la richesse » : Biañ akuma. En outre, c’est dans le village maternel que
le neveu venait au monde, parmi ses oncles qui le « préparaient » à faire de lui un « mfañ mbod ».
L’oncle par ce fait avait donc un certain pouvoir sur son neveu tout comme le neveu avait des droits
élargis chez son oncle. Tout cela ayant changé, les oncles ont perdu de leur influence, tout comme les
neveux se retrouvent impuissants chez leur oncle. Parfois les cousin (fils de l’oncle) n’entendent pas
voir un enfant qui a son père, donc ses droits sur les biens de son géniteur, venir faire du gaspillage chez
eux. Ainsi l’on peut désormais prendre part à autant de deuils qu’on le voudrait, on ne verrait jamais les
neveux faire un quelconque gaspillage ; car le risque de voir rouspéter les fils du défunt existe, si ce
n’est le risque d’être traduit en justice.


Tous ces bouleversements dans les liens de parenté entraînent désormais des dérapages autrefois
proscrits ou du moins sévèrement réprimandés par le groupe social. C’est le cas de l’inceste. Des
cousins, peut-être par pure ignorance des liens existants, ou alors pour observation des fissures observées
sur le tissu social parental se retrouvent souvent en train de commettre l’inceste ; une faute grave qui
autrefois était l’occasion du rituel So. De même le bouleversement des liens de parenté a affaibli le
soutien familial. Ainsi désormais, l’aide qu’un Beti attendait des siens se limite aujourd’hui de plus en
plus à ses géniteurs lorsqu’ils sont encore en vie, ses frères et sœurs si les liens ne souffrent d’aucun
malaise, parfois mais plus toujours, les oncles maternels et paternels ainsi que les tantes peuvent apporter
leur aide. Plus question sinon difficile de voir la participation des voisins ou autres personnes du village
comme il était souvent le cas.


Bouleversements Autour Du Mariage


Le premier bouleversement en ce qui a trait au mariage réside dans sa considération, et sa configuration.
Ainsi si autrefois le mariage, surtout en ce qui concerne la polygamie était la preuve d’une certaine
réussite sociale, ou alors le départ vers la réussite sociale, avec pour signe une progéniture multiple, il
n’en est plus le cas de nos jours. Beaucoup de Beti ont abandonné la polygamie pour embrasser la
monogamie. Les raisons avancées sont multiples. La polygamie selon certains, est source de disputes,
querelles parfois de drames entre coépouses, avec le risque que cela arrive au niveau des enfants.
Autre raison évoquée, le déchirement de nombreuses familles lorsque la question de l’héritage surgit.
Plusieurs familles Beti ont perdu de leur solidarité pour cause de mécontentement à propos du partage
de l’héritage.
Autre raison et pas des moindres, les difficultés de plus en plus nombreuses auxquelles doivent
désormais faire face les responsables de famille. En effet, l’enfant, fille ou garçon perd de plus en plus
son ancien statut de bras, force de travail, source de revenus ; c’est le chef de famille qui doit désormais
payer les frais de scolarité pour les enfants, les soins de santé, l’habillement... Fort de cette sollicitation
multiple et multiforme, le Beti a tôt fait de réduire le nombre de femmes à épouser, avec comme
conséquence la réduction du nombre d’enfants, mais aussi la mutation des raisons d’un prestige social.
Cela vient à dire qu’avoir des dizaines d’enfants et une demi-douzaine de femmes n’est plus signe de
réussite sociale, ni objet de prestige, ni signe de grandeur.
Revenant à la vie avant le mariage, beaucoup de changements sont également observés de nos jours.
Ainsi à l’époque des anciens, nous avons relevé que l’éducation sexuelle des filles était assurée par les
femmes mures à différentes occasions, que ces femmes s’occupaient d’entamer la perforation de
l’hymen des jeunes. De nos jours, la donne a beaucoup changé. Beaucoup de jeunes découvrent la
sexualité parfois très tôt, auprès d’autres filles d’âge plus avancé, parfois même auprès de jeunes
garçons. Cela explique en partie le nombre élevé de grossesses précoces orchestrées par des fillettes
parfois d’à peine 17 ans (dix-sept ans).

Free download pdf