La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

ce qu’ils mangent et boivent ne fait pas partie des cadeaux à leur remettre. Aussi tout ce que nous avons
cité peut ou pas être remis lorsque le beau-frère n’est pas très nanti, ou encore s’il est orphelin de père.
Car aujourd’hui, l’oncle maternel ne joue plus le rôle clé qu’il jouait dans le mariage de son neveu.
Après un séjour d’un ou deux jours (jamais plus), les émissaires rentrent attendre la demande en mariage
qui se fera chez eux, après avoir fait parvenir la liste des biens à apporter à cette occasion.


La Demande En Mariage


Elle est conduite par le patriarche porte-parole des visiteurs. Ils arrivent après avoir fait parvenir la date
de leur visite, pour que leurs hôtes se préparent en conséquence. Arrivés au village, ils passent
habituellement une nuit, et ne donnent les raisons de leur visite que le lendemain (même si tous savent
de quoi il s’agit). Cela pour une simple raison que la délégation arrive presque toujours dans l’après-
midi si ce n’est tard dans la soirée.
A l’heure fixée pour l’annonce de l’objet de la visite, tous se réunissent au corps de garde (abaa), ou
dans la maison principale du père de la femme à marier, ou encore dans sa cour si la maison est exigue.
Alors le « mbi ntum » ou porte-parole ou encore celui qui tient le chasse-mouches en mains chez les
hôtes, souhaitent la bienvenue aux visiteurs et leur demande, debout dans l’assistance, le pourquoi de
leur venue. Et alors le porte-parole des visiteurs lui répond ; en précisant le nom de la femme demandée
en mariage, ceux de son père et de sa mère.
Le plus souvent, le porte-parole utilise le lyrisme dans ses propos ; genre « je voudrais prendre telle pour
épouse » ou encore « j’ai aimé une telle, enfant de X et je veux la prendre pour épouse ». Cela a souvent
pour effet de tenir le prétendant dans l’anonymat et cause la confusion et les interrogations dans
l’assistance.


L’objet de la visite étant connue, la prochaine étape sera celle des hôtes dont le « mbi ntum » demande
à voir leur futur beau-fils (il est parfois déjà bien connu). Alors il est fait appel au futur époux qui se
présente devant l’assistance avec une mine de totale obéissance et une attitude de demandeur. Durant
ces multiples phases, les biens apportés par les visiteurs sont exposés devant l’assistance qui s’asseoit
souvent en deux camps, faisant face les uns aux autres et les biens apportés se trouvant au milieu.


 Il s’agit (d’après les mariages de l’heure actuelle) :
 Des caisses ou des dames-jeannes de vin rouge,
 Des sacs de riz
 Des bidons d’huile, oignons et autres condiments que les femmes utilisent dans la cuisine,
 Des cartons de poissons, poulets, viandes,
 Des porc, chèvres ou moutons, un ou deux bœufs, ....
 Un ou plusieurs sacs de sel de cuisine
 Des caisses de bière avec plusieurs bouteilles de liqueurs, (whisky, Gin, Rhum...),
 Des paquets de cigarettes, du tabac, des colas en grande quantité, de la poudre à prise (tabac à
priser)
 Une enveloppe contenant une somme symbolique (5 000 – 10 000 FCFA parfois plus) ...

Une fois ces biens, ces cadeaux, partie non remboursable de la dot, dont la quantité dépend du poids
financier des visiteurs, une fois ces biens présentés et le beau-fils connu de tous, le porte-parole des
hôtes fait appel à la femme à marier, et lui demande devant tous si elle consent à aller en mariage dans
la famille ici présente. La situation lui est ainsi présentée :
« Voilà tu as suivi les déclarations des visiteurs ; alors si tu acceptes d’aller en mariage, prends
l’enveloppe posée sur la dame-jeanne de vin et remets-la à ton père (ou à ta famille), sinon rembourses-
la à ses propriétaires ».
Comme instant crucial, où la fille est face au destin, on a souvent vu certaines fondre en larmes, d’autres
éclater en sanglots, implorant l’aide maternelle. On a également assisté à des scènes où la fille se désiste
au dernier instant. Bref, une fois l’émotion passée, la fille prend l’enveloppe (parfois c’est la cola, signe

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