La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Les Epreuves d’Autopsie


C’est également le cas des épreuves d’autopsie qui étaient souvent pratiquées sur les corps, surtout les
corps de femmes, pour déceler les traces d’un quelconque « évu » qui serait la cause du mal que faisait
son propriétaire. Car disons-le encore, il n’était pas pensable que le corps d’un initié ou d’un nfañ môt
passe à l’autopsie.
De telles pratiques aujourd’hui feraient passer leurs auteurs devant les tribunaux ; modernité oblige.
Si les exécutions, ordalies et les épreuves d’autopsie ont été interdites par la religion, l’administration et
les comportements qui ont évolué, les autres excès autrefois observés de la part des neveux sur les biens
laissés par leur oncle ont également disparus. Plus question aujourd’hui de tuer le bétail de l’oncle selon
le désir, alors que ses propres enfants sont là. Ce d’autant plus que la relation oncle-neveu a déjà perdu
de son lustre d’antan. Les oncles ne constituent plus aujourd’hui la force génitrice de richesse, le
pourvoyeur du remède de richesse d’autrefois. L’on comprend donc aisément que la considération de
l’oncle de la part des neveux s’est considérablement dégradée au point où les liens de consanguinité qui
existent entre cousins se sont distendus dans plusieurs groupes Beti, et même dans plusieurs familles.
Désormais, les neveux participent au deuil de leur oncle tout comme ses propres sœurs.


Les Cérémonies D’Inhumation


Quant aux cérémonies d’inhumation, nous dirons d’abord qu’aujourd’hui, avec l’évolution des mœurs,
le poids de la religion chrétienne, l’administration, mais aussi avec la disparition de grands initiés et des
rites sociaux, il n’est plus question d’aller laisser le corps d’une personne dans le creux d’un arbre, ou
d’un tronc d’arbre en forêt sous quelque raison que ce soit, comme il était de coutume autrefois.


En outre, les esclaves ayant disparu, ce sont maintenant des jeunes hommes du village qui s’occupent
de la tombe et de l’inhumation ou mise en terre. Par rapport à la tombe, elle ne dispose plus de niche
mortuaire où le corps était déposé, ainsi que les objets quotidiens du défunt. La fosse est donc creusée
en un trou rectangle de deux mètres (2m) de profondeur au maximum. La préparation du corps dépend
d’abord du sexe du défunt. Pour un homme, ce sont des hommes qui s’occupent habituellement de
préparer le corps. Pour certains groupes, ce sont des vieilles femmes qui vont plus avec des hommes qui
se chargent de préparer les corps. Le deuxième critère est l’âge du défunt. Pour des enfants, et les jeunes,
ce sont les femmes, parfois d’autres jeunes du groupe d’âge.


Signalons cependant qu’avec la modernité, beaucoup de corps de personne Beti-Bulu-Fang sont souvent
déposés dans des morgues des hôpitaux en ville. Dans de telles situations, ce sont les services funèbres
de l’hôpital qui s’occupent de préparer le corps et aussi de la mise en bière.


Les Danses Rituelles des Cérémonies Funèbres


Pour ce qui est des danses autrefois exécutées par les compagnons d’initiation à la mort d’un initié, elles
ont été abandonnées par presque tous les groupes Beti. Et à cause de cela, l’ésana/ésani n’est- plus
aujourd’hui qu’un lointain souvenir.
Premièrement, les compagnons d’initiation ont disparu, l’initiation elle-même ayant été abandonnée
suite aux assauts de la religion et de l’administration coloniale. Toute forme d’initiation qui façonnait
l’être dans la société a disparu.
Deuxièmement l’exécution de la danse elle-même constitue également un vague souvenir, même pour
beaucoup de patriarche Beti au jour d’aujourd’hui. L’air de musique n’est plus ou presque connu, les
joueurs d’instruments musicaux eux deviennent de plus en plus rares, beaucoup étant morts ou mourant
sans transmettre leurs connaissances.
Et la conséquence immédiate est que lors des deuils, que ce soit le deuil d’un enfant, d’un adolescent,
d’un homme ou d’une femme, la seule musique que l’on peut suivre c’est la musique religieuse, exécutée

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