La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Yaoundé après un conflit d’emprunt de cheptel...etc). Cependant la séparation, la dispersion et surtout
l’éloignement finissaient par éteindre les haines et les rancœurs et les liens de parenté subsistaient. En
fait, l’expansion géographique des Beti traduit leur prépondérance politique dont la clé réside au fait que
le lignage s’étend le plus possible vers des terres plus fertiles pouvant assurer de bonnes récoltes, vers
de nouveaux peuples tout en conservant le plus possible les avantages déjà acquis.


La Parenté


Elle renvoie ici au lien de consanguinité. Pour le Beti, il s’agit des liens existants entre un individu et sa
famille paternelle et maternelle. C’est le Nda bod ; la souche commune, l’ensemble des consanguins,
mêmes dispersés. Il s’agit ici de garder des liens avec les oncles et tantes maternels et paternels, les
grands pères et mères paternels et maternels ainsi que leur descendance. C’est ainsi que le terme « sôngô
» ou « sông » désigne la tante paternelle, « nyaindôm » désigne l’oncle maternel, « nyia » désigne la
tante maternelle. L’enfant est tenu de respecter les oncles et tantes au même titre que les parents
géniteurs ; qui l’appellent d’ailleurs « mân kâl » ou « môn kaa » pour les oncles maternels, désignant
littéralement « l’enfant de ma sœur », ou « môn » pour les tantes désignant « mon enfant ».
Ces liens ressortent le plus nettement dans la relation oncle-maternel-neveu. En effet, l’oncle apparaît
comme un débiteur envers son neveu car le mariage de sa sœur lui a permis de s’établir et de prospérer
grâce à la dot. Par ce fait, le neveu a des droits sur les biens de son oncle ; ce dernier n’a même pas le
droit de se fâcher si son neveu est l’amant de l’une de ses épouses. L’oncle maternel est également tenu
de fournir à son neveu le germe de la richesse : « biañ akùma » ou médicament pour la richesse. L’oncle
en fait doit tout faire pour ne pas irriter son neveu qui peut causer des malheurs à son oncle : s’il pose la
main sur la tête d’une veuve de son oncle, celle-ci attrape des poux ou des maux de tête, s’il grimpe sur
un arbre fruitier du patriclan de sa mère, celui-ci cesse de produire. S’il reçoit directement en mains des
semences, il arrache le pouvoir de produire au clan de sa mère ; il faut les déposer à terre. Il est donc
l’objet d’une grande attention.
En dehors du neveu (nièce), une grande attention est également accordée aux petits-fils : « Ndié », «
Ndaé », « ndeñ » de la part des grands parents. On les gave de cadeaux, ils sont chéris. Le grand-parent
ne peut taper sur son petit-fils, au risque de voir cette main enfler. Si le petit-fils veut plaisanter sur son
grand-parent, il faut lui faire un présent : « edzô ».


Nous avons précédemment appris que le lignage avec le temps se segmentait, se dispersait au loin pour
des raisons vues, un élément permettait de maintenir le contact direct avec ses consanguins : le Nkùl ;
tambour monoxyle à fente. C’était le téléphone qui maintenait la communication entre individus,
abolissant la distance et socialisant la solitude. Ainsi l’individu ne perdait pas le soutien familial.
En somme, le Beti a bien développé dans sa consanguinité cette chaleur, cette largesse qui fait du noir
africain un être social.


La Relation D’alliance


Si le Beti s’épanouit dans sa famille composée des membres du clan maternel et du clan paternel, il se
crée également des alliances hors du cadre familial. C’est le cas des relations créées lors du mariage. En
effet, lors du mariage, les parents des deux conjoints deviennent des compères ou commère. Leurs
relations sont des relations d’amitié et de réciprocité. Ils s’appellent « moé », « mvoé »... De même les
frères et sœurs de l’époux appellent les frères de l’épouse beau-frère, (n’nyala, m’miale...) et ceux de
l’épouse en font autant.
Les sœurs cadettes de l’épouse appellent le mari de celle-ci « nnom » (mon mari) tandis que les sœurs
ainées l’appellent beau-fils ou gendre (nnom ngon). Cette situation s’explique par le fait que les sœurs
cadettes de l’épouse peuvent remplacer celle-ci en cas de décès ou lors d’un voyage si celui est seul et
s’arrête dans sa belle-famille. Tandis que la sœur ainée ne peut le faire. Le beau-fils doit appeler sa belle-
mère « mère » et « père » son beau-père ; la fille est tenue de faire autant auprès de ses beaux-parents.
Ceux-ci sont son refuge en temps de dispute avec son mari, ils prennent sa défense contre son mari. La

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