La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

La principale concerne les motivations ou les raisons de la polygamie. Il apparaît à propos que les raisons
qui animaient les Beti anciens pour prendre plusieurs femmes ne sont plus ou presque les mêmes pour
le Beti d’aujourd’hui.
Pour les anciens Beti, prendre une femme était faire étalage ou preuve de sa misérable condition sociale.
Avoir plusieurs femmes était donc signe de réussite sociale, de prestige, de richesse. Car la femme était
pour les Beti anciens un bien meuble tout comme la chaise, la machette.


Ne pouvait posséder plusieurs épouses que celui qui avait les moyens matériels de se les doter. Pour
cette raison, la polygamie servait à garantir ou prouver l’importance de l’homme au sein du groupe
social. Et beaucoup peuvent se rappeler que pour les Beti, lorsqu’il s’agissait de compter les richesses
d’un homme, l’on signalait avant toute chose le nombre de femmes qu’il avait, puis venaient les enfants
et les autres biens.
D’autres personnes cependant parmi les anciens Beti prenaient plusieurs femmes justes pour la
réalisation des prophéties qui avaient été dites à la naissance. En effet, chez les Beti anciens, une pratique
courante était de « façonner » l’avenir d’un enfant. Cette pratique était faite par les anciens, le plus
souvent par les oncles maternels (puisque la femme accouchait presque toujours dans son village) qui
étaient à la naissance de l’enfant. Ils se réunissaient donc et préparaient un bain médicinal (etŏg/étok ou
dzŏg/jok) dans lequel on lavait l’enfant au jour indiqué. Au sortir de ce bain, les oncles disaient tout ce
que l’enfant était destiné à devenir plus tard. Des interdits à observer étaient donnés ; des interdits pour
l’enfant lui-même, et pour ses parents aussi.


Il arrivait donc que sur un bain médicinal, on prédise une douzaine, une quinzaine ou une vingtaine de
femmes à un enfant. Cela se réalisait si les interdits imposés étaient rigoureusement observés. De tels
polygames, la société beti en a compté plusieurs.
A côté de ces deux raisons que nous pouvons qualifier de propres aux Beti anciens, d’autres non moins
importantes existent. Celles qui concernent surtout les Beti d’aujourd’hui.
Ainsi les Beti d’aujourd’hui, bien qu’abandonnant de plus en plus la polygamie, prennent plusieurs
femmes pour des cas comme l’adultère. En effet, de nos jours, à défaut de répudier sa femme qui a
commis un adultère, le Beti quelque fois préfère prendre une deuxième femme, surtout lorsque la
première lui avait déjà fait des enfants. Car lorsque la femme adultère n’a pas encore d’enfants, il y a de
fortes chances qu’elle soit répudiée.


Une autre motivation à la polygamie est la désobéissance de la femme ; désobéissance envers son mari.
Car quoi qu’on dise, le Beti n’accepte pas non plus que sa femme se querelle avec ses parents pour
quelque raison qui soit. L’observation de ces principes a souvent fait passer les filles Beti pour des filles
obéissantes. L’on peut dès lors comprendre pourquoi les Beti n’ont pas toujours accepté les mariages de
leurs enfants avec d’autres groupes d’hommes aux mœurs inconnues.
D’autres personnes prennent plusieurs femmes lorsque des problèmes existent par rapport à la
progéniture. En effet, dans la société beti, tout comme dans tous les peuples d’Afrique traditionnelle,
avoir des enfants constitue aussi un prestige, un signe de la virilité de l’homme, mais aussi un signe de
la fertilité de la femme.


Dès lors, tout mariage doit avoir pour finalité des enfants. Une femme qui éprouve des difficultés à faire
des enfants, ou qui n’en fait qu’un ou deux est vite taxée de sorcière. Et son foyer ne tient qu’à un fil
très mince. Le mari d’une telle femme est souvent obligé (parfois par sa famille) de prendre une ou
plusieurs autres épouses. L’on peut dès lors saisir la raison pour laquelle dès qu’une femme beti est
mariée, si après une période de huit mois (au maximum) elle n’est pas enceinte, alors qu’elle mène une
vie de couple normale avec son mari, ladite femme va commencer à s’inquiéter, à fréquenter les vieilles
femmes du village, qui ont des recettes pour rendre féconde une femme. Toujours à propos des enfants
et de la polygamie, nous avons dit dans nos premiers articles que c’est le garçon, appelé à remplacer son
père, donc à perpétrer la ligne ou le lignage ; c’est le garçon qui est le sexe préféré des hommes Beti.
Dès lors, une femme qui n’en fait pas et donne plutôt des filles, peut se voir imposer une seconde voire
une troisième femme derrière. Et tant que cet homme n’aura pas un fils, il pourra prendre autant de

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