La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Division du Travail et Production


Dans les parties précédentes, nous avons noté la suprématie de l’homme sur la femme à plusieurs
reprises. L’homme n’avait le droit d’entrer dans la cuisine sans l’accord de la femme et la raison devait
être importante.


En fait chacun vivait dans son monde. Ainsi donc, si la femme doit produire comme cultivatrice et
reproductrice, pour être considérée, respectée, l’homme avait également ses tâches spécifiques dont la
réussite faisait de lui un mfân mod ou mfân môt.


Le Travail De L’homme


L’activité sexuelle dans le cadre du mariage, ordonnée à la procréation, à la production d’enfants viables.


La création d’un habitat et d’un espace productif de base (un village et un champ vivrier).


Le meurtre bénéfique du chasseur-guerrier, en défense ou en conquête, manifestation de la supériorité
de ses pouvoirs cachés.


Tous ces éléments ressortent l’expression de l’agressivité de l’homme, sa volonté de puissance et de
domination ; c’est pourquoi son travail sera tourné vers les matériaux durs, qui nécessitent endurance,
courage, secret.


Le Travail Du Fer

Comme nous l’avons noté précédemment, le travail du fer était une exclusivité masculine, et faisait
l’objet d’interdits. C’est que le travail du fer était sacré. La femme ne touchait qu’au produit fini ;
principalement la houe.
Le fer était obtenu dans des cases hautes réservées à cette fin, appelées mekua (akua au sing). Sombres,
ces cases tenaient lieu à la fois de fonderies et de forges. Seuls les initiés travaillaient, les adolescents
n’ayant pour tâche que d’enflammer le bois et de souffler l’air dans le fourneau. Au centre de la fonderie
était dressé un haut-fourneau (akog), fait de troncs de bananier à usage unique, tapissés d’argile. Ces
tubes d’argiles seront des conduits d’air soufflets jusqu’au foyer. L’allumage du feu était un rite qui
nécessite une pureté de corps (d’où réservé aux adolescents sujets d’interdits sexuels). Il consistait à
tourner en rotation, dans un bois creux, une pointe conique qui rougit puis finit par s’enflammer. Le
minerai de fer, mélangé au charbon de l’arbre « élôn » est disposé dans le fourneau fait de troncs de
bananier. Les adolescents (4 au total) sont alors chargés d’actionner les soufflets pour faire entrer l’air
dans les tubes d’argile. Ce travail dure tout un jour (24 heures). Le lendemain, le haut-fourneau démoli
libère des scories de fer brut fondu ; c’est l’esôm). C’est ce fer brut qui est forgé d’où sortiront tous les
outils utilisés par les Beti Fang à diverses occasions : chasse, guerre, travaux champêtres (coupe-coupe,
houe, lance, ...), mariage (bikie).
Grands maîtres de l’art de la forge, les Beti considéraient le fer comme l’une des conditions de leur
suprématie, l’expression de leur humanité.? Ils dominaient ainsi la nature et ses éléments. C’est
pourquoi il fallait obéir à certains interdits sexuels, mais aussi disposer d’un remède (biañ) pour réussir
dans le travail du fer. (Du moins telle était la conviction de ces grands seigneurs). Maîtrisant ainsi le fer,
le Beti pouvait effectuer tous les autres travaux.


Le Travail Du Bois

Tout comme aujourd’hui, l’homme Beti avait un usage varié du bois. A l’aide des outils issus de la
forge, le Beti construisait sa case. Et pour cela, abattait des arbres, le raphia à l’aide de sa hache ou de
sa machette. Les mêmes outils étaient utiles pour le déboisement des parties servant de plantations. Le
bois était utilisé pour confectionner des cuillères, mortiers, étagères, tabourets, peignes, tam-tam,

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