La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Le Domaine De La Femme


Tout comme l’homme, la femme a un ensemble d’activités qui lui sont propres. Ainsi la cuisine et la
reproduction sont les deux tâches importantes de la femme. Il faut y ajouter cependant l’agriculture.


Le Travail De La Terre

La femme étant une productrice par
excellence, c’est à elle qu’il
revenait de produire les aliments de
la famille. Le repiquage, la
semaille, le sarclage et la récolte
sont ses activités ; car il y a affinité
entre la fertilité du sol et la
fécondité de la femme. Tandis que
la femme a des rapports sexuels
pour semer des arachides, l’homme
doit s’abstenir pour planter le ngôn
; la courgette. Les principales
cultures fondamentales chez les
Beti sont l’igname, la banane-plantain, la courgette, l’arachide, le manioc. D’autres cultures sont arrivées
bien après : maïs, macabo importé de la Jamaïque au Cameroun par les Pasteurs Baptises dans les années



  1. Après viennent la canne à sucre, le tabac, les condiments, les légumes verts... des arbres que l’on
    plantait : palmier à huile, safoutier... La forêt et la savane habitées par les Beti étant très riches, les
    femmes peuvent cueillir des fruits divers, et se ravitailler de divers autres êtres vivants : escargots,
    chenilles, sauterelles, cocons, larves...


La Pêche

Si la chasse se pratiquait en saison humide, la pêche quant à elle était le propre des saisons d’étiage. Elle
relevait donc l’alimentation en protéine durant la saison sèche où le gibier se fait rare.
Cependant, tout comme la chasse, la pêche est une activité propre aux femmes. Elle est le facteur simulé
de la chasse masculine. Appelée « alôg », la grande pêche consiste à établir une barrière de bois, de
feuilles et de terre en travers d’un cours d’eau pour l’endiguer (kùma, kùmba). On obtient le mfiâ, mfié
(rivière barrée et asséchée). Des barrages secondaires sont édifiés en autant de coupes ou casiers que les
femmes veulent entièrement assécher. Pour expulser l’eau hors du casier, elles utilisent écuelles en bois
(bilogâ ou essana chez les ntumu). Une fois la partie à sec, le poisson est attrapé à l’aide d’épuisette en
fibres. La prise va dans un petit panier à col étroit et ouverture évasée (nkùn) que les femmes portent
aux hanches.
Si le tronçon à pêcher est assez dense, les femmes vont pratiquer l’empoisonnement de l’eau du bief :
des herbes, fruits et écorces spéciaux servent à propos ; entre autres : légumineuse vénéneuse, liane-
piment... Ces produits tuent directement tous les poissons qui flottent alors à la surface et sont
directement recueillis. Cependant, il faut respecter les interdits y afférents : s’abstenir de rapports
sexuels, une femme en menstrues n’y a pas droit... Sinon les plantes n’auront aucun effet.
Durant cette partie de pêche, les femmes font autant de bruits que les hommes à la chasse. Elles tiennent
des propos et scènes obscènes qui tiennent les hommes éloignés. Ces bruits tout comme les cris à la
chasse consistent à conjurer toute présence maléfique car le cours comme la brousse est aussi le domaine
des morts ; pêcher est donc faire une incursion dans le domaine mortifère et nourricier des disparus. La
pêche obéit donc aux mêmes règles que la chasse et nécessitent parfois les mêmes pouvoirs magiques.

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