La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

manque d’attrait, étaient tous des fumeurs ou des priseurs passionnés. Chez certains, le tabac jouait le
rôle de calumet, utilisé pour la communion sociale. C’est ainsi qu’on pouvait trouver une pipe longue
d’un mètre, que l’on tirait collectivement lorsqu’on voulait cultiver la paix dans le pays. Certains grands
chefs ou chefs d lignage étaient par ailleurs enterrés avec leur pipe, qui servaient à satisfaire leur goût
du tabac dans l’au-delà croyait-on.
Contrairement au tabac, la boisson prisée des Beti était l’eau, recueillie le plus souvent à la source. Boire
des boissons fortes était réservée aux fêtes, aux multiples célébrations (funérailles, rites...) à l’échange
de paroles avec visiteurs ou des étrangers.
La seule boisson alcoolique connue est le vin de palme ou de raphia, dont le ferment le plus courant est
l’ésôg. Il augmentait légèrement la teneur éthylique, hormis le vin de palme ou raphia, les Beti ne
connaissaient encore que le jus de canne à sucre et de banane douce ; ignoraient la bière de maïs. Ainsi
donc, au contraire du tabagisme, l’alcoolisme n’est pas un fléau considérable pour le Beti.


L’éducation

Dès le sevrage, qui survient lorsque l’enfant a deux ans, et ce jusqu’à la fin de l’enfance, l’éducation est
assurée par la mère qui est tenue de donner des conseils de bonne moralité, de bonne conduite à l’enfant.
Elle le fait également au moyen de fables, de contes. Les corrections physiques étant rares, la mère usait
de sanctions morales et religieuses. Dès l’adolescence, les deux enfants entraient chacun dans son
univers.
Pour la fille, elle restait avec les autres femmes où elle devait aider la mère à récolter, à collecter l’argile
pour la poterie, à prendre soi des plus petits, à faire la cuisine. Elle était formée, éduquée pour mieux
maîtriser son futur statut de mère-épouse. Et l’on identifiait toujours une fille à sa mère : elle était faible,
bavarde, forte, vaillante, travailleurs ; elle l’était toujours comme sa mère.


En ce qui concerne le garçon, dès la dizaine d’années dépassée, on l’initiait aux travaux utilitaires et
virils : chasser, poser des pièges, apprendre le langage du tam-tam, à le jouer, fabriquer, sculpter... de
soir il écoutait les contes et fables des anciens, posait des devinettes. Sa présence aux entretiens des
vieux est exigée même s’il y a des réalités que l’on ne peut le laisser apprendre. Lorsque la période
d’initiation survient, le garçon subit une sur-éducation autoritaire qui devait faire d’eux des hommes
durs, endurants, qui ne cèdent jamais à l’adversaire. Les bagarres sont tolérées avec les jeunes d’autres
clans ou lignages. C’est la période pendant laquelle les parents arrêtent de caresser, de cajoler le jeune
homme. Le Beti associait la virilité à la souffrance, des concours d’endurance existaient ; les futurs
hommes devaient rester stoïques sous la douleur. C’est ainsi que durant les Sô/Tsô, les enfants se
plantaient des tiges de raphia enflammées sur les bras, recevaient des raclées de coups, s’entaillaient...
Au sortir de ces épreuves, le jeune homme entrait dans le cercle des vrais hommes, des combattants, des
guerriers ; tout comme la fille comptait parmi les femmes du lignage.


De La Spécificité Des Travaux Féminins


Le rôle principal de la femme dans la société Beti-Fang est de produire, et toutes ses activités ne visent
que la production des biens. Pour cela elle a un lien commun avec la terre : la fécondité. Tout comme la
terre doit féconder le grain qui est déposé, afin d’en produire un plus grand nombre, la femme, doit cuire
les aliments issus de la terre comme elle doit elle-même humaniser la « graine » initiale que l’homme a
déposé en elle pour en faire un enfant. C’est pourquoi une femme féconde est dite « fertile » tout comme
une terre rentable. Et toute femme est tenue de produire/reproduire pour son mari. Cependant si les
femmes semblent ici exploitées par les hommes, cette exploitation, est subordonnée à l’agrémentation
de la vie dont l’homogénéité de la société leur permettait de profiter elles-mêmes grandement.

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