La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

De La Littérature Chez Les Beti


La littérature beti est essentiellement orale et compte plusieurs genres, dont les contes, les chantefables,
les poèmes-chants lyriques (berceuses, chants de danse, chant de labeur, chant de pêche, de chasse,
poèmes rituels...), récits légendaires et épiques, récitatifs d’enfants, poésie tambourinée, chroniques et
généalogies, proverbes. Tous ces genres peuvent s’accompagner au Mvet faisant de cet instrument
musical le genre majeur de la littérature orale chez les Beti.
Le Mvet est un instrument de musique assez simple, mais de fabrication fort délicate. Il est fait à partir
d’une tige de bambou-raphia de 1m à 1,4 m environ ; qu’il faut sécher, détacher de 4 à 6 lamelles qui
restent cependant fixées au bambou par les extrémités. Ces lamelles sont ensuite distendues et
accrochées à un bâtonnet qui a été fixé environ au 4/10 de
la tige, lui donnant une forme légèrement courbe. Puis
trois à six (3 à 6) demi-calebasses sont fixées sur la partie
extérieure de cette espèce d’arc pour former les caisses de
résonance. On obtient ainsi le Mvet parfois appelé «
guitare », à tout ou « harpe-guitare ».
L’origine du Mvet remonterait à 2 600 ans avant notre ère.
Dans son ouvrage « Musik in Africa », le père Marfut
affirme qu’il a été retrouvé sur des tombeaux égyptiens le
dessin d’un instrument qui ressemble fort au Mvet. Quant
à la tradition orale, elle rapporte que le Mvet est originaire
du pays Ntumu, plus exactement de la tribu Okak, dans la
région frontalière à cheval sur le Gabon, la Guinée
Equatoriale et le Cameroun (Tsira Ndong Ndoutoume,
1970). Cette thèse se trouve renforcée par le fait que les
meilleurs joueurs du Mvet sont Ntumu ou se réclament
d’un maître Ntumu.


En tant que genre littéraire, le Mvet désigne certes
l’instrument de musique, mais il sert aussi à désigner le
ou plutôt les genres littéraires qui se chantent ou se
psalmodient avec l’accompagnement de cet instrument.
Comme nous l’avons mentionné plus haut, la littérature
orale des Pahouins compte plusieurs genres. Des études récentes ont montré qu’il s’est effectué comme
une distribution des genres selon les principales ethnies du Sud-Cameroun.
Les genres les plus légers : contes, chantes-fables et poèmes, chants lyriques, se trouvent surtout dans la
région du Centre. Les joueurs du Mvet Ewondo et Eton qui abondent dans la région de Yaoundé sont
pour la plupart des amateurs qui jouent ce que les connaisseurs appellent le « Mvet bibôn » : le Mvet
des concubinages. Leurs chants abordent beaucoup plus des thèmes érotiques et bachiques. Ils chantent
la fille qu’ils veulent conquérir ou célèbrent les bienfaits du vin qu’ils en réclament à leurs auditeurs. Ils
jouent pour égayer le public lors des fêtes du baptême, de première communication, de décoration ou de
mariage. Ils peuvent parfois aussi animer dans les cabarets. C’est une littérature à la fois extrêmement
personnelle et très liée à la société coloniale et post-coloniale.
A côté du « Mvet bibôn » s’est développé chez les Beti un Mvet beaucoup plus littéraire, surtout pratiqué
chez les Ewondo par les Bene et les Nanga-Eboko, chez les Eton par les Esele. Ce genre littéraire se
distingue par le recours aux contes : le cas de « Ndem Bodo », cette araignée qui s’en va accuser Dieu
d’être à l’origine de la souffrance et de la mort ; « Mesi me Koko Endong » le terrible chimpanzé.
Il y a également un Mvet de légendes ; c’est le cas de la légende d’Olinga Ngoa, fils de Ngoa Olinga,
un héros guerrier légendaire du type d’Akoma-Mba (héros épique des Beti, chef supérieur du peuple
Ekang). Celle de Ndzana Ngazoa, ce grand galaut qui suivit sa maîtresse, une veuve, jusqu’au royaume
des morts où il reçut des fantômes une fessée mortelle, mérite aussi d’être mentionnée.


Figure 6 : François Alima

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