La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Ce que font les belles-filles n’est point discourtois comme peuvent le soutenir mordicus des paranoïdes
ceux-là même qui soupçonnent le mépris en tout et en tous à l’encontre de leur personnalité. Loin de là
! C’est plutôt le bon moment de rire et de passer outre ses angoisses et toutes les crises auxquelles une
vie morose peut soumettre un individu. L’Ekamba est un anxiolytique naturel ; puisqu’on rit, on se
détend même au deuil lorsque l’Ekamba se produit. Et c’est aussi une preuve que les belles-filles malgré
tout, restent attentives à ce que font leurs beaux-parents.


Ekamba En Cas De Deuil

Les deuils chez les Fang-Beti sont entourés d’un certain nombre de rites, patrimoine culturel de nos
contrées. Lorsque ces rites ou ces cultures sont faits dans l’esprit original qu’ils ont été conçus, cela
permettait aux uns et aux autres de faire le deuil. Nous pouvons citer entre autres l’Akus, le Nsili Awu,
l’Esani, l’Ekamba, le rite de purification ou de lavement tôt le lendemain du jour de l’inhumation...
L’Ekamba qui s’inscrit dans ce sillage a son rôle à jouer, il remet en quelque sorte à la vie celui qu’on
vient de perdre « la nature a horreur du vide » sur le défunt s’accomplit alors cette parole biblique «
quoique mort il vit ». Puisqu’il sera toujours présent dans les psychismes et par conséquent dans la
société. A la fin du spectacle, les belles-filles annoncent que le beau-parent décédé a fui les
affrontements et dont, il leur a laissé le champ libre et a reconnu désormais qu’elles sont propriétaires
de tous les biens. Sur ce, si les autres qui les écoutent, s’ils désirent que le fuyard soit enterré, ils n’ont
qu’à acheter le terrain auprès d’elles dans le cas contraire, ils iront se débrouiller ailleurs. Et si les travaux
de construction de la tombe étaient déjà amorcés ou finis, elles somment l’arrêt des travaux ou scellent
la tombe jusqu’à ce qu’on leur donne la somme exigée.


Ekamba Dans Le Cadre Des Noces

Dans ce cadre, les anciennes belles-filles exposent surtout les conflits qui sous-tendent les relations avec
leur belle-famille dans leur vie d’épouse. A cela, celle qui vient nouvellement en mariage doit se préparer
à affronter de tels conflits. C’est pour qu’elle comprenne aussitôt que dans un mariage tout n’est pas
rose même si le rose symbolise l’amour. C’est en quelque sorte une suggestion qu’on lui fiat.


L’Ekamba Est-Il Pratiqué Par Tous Les Fang-Beti?

Toutes les ethnies Fang-Beti ne pratiquent pas les mêmes traditions. Non pas parce qu’ils les ignorent
ou parce que leurs ancêtres ne les leur ont pas appris, mais parce que les Fang-Beti s’ignorent déjà eux-
mêmes. Toutes les ethnies Beti selon les historiens sont issues d’un même ancêtre « Beti be Nanga »
Beti fils de Nanga. Il n’est alors pas question qu’une tradition typiquement Beti ne soit pas observée par
toutes les ethnies.
Quoi que certaines ethnies pensent qu’elles ne sont pas Beti car selon elles la terminologie Beti renvoie
au groupe Ewôndô, Bene et Fang renvoie au Bulu, Fang, Ntumu... (Ce désordre-là a été occasionné par
les sociologues et anthropologues qui, à la recherche d’un titre universitaire avance du n’importe quoi
et les autres valident. Ils ont sorti chez les Beti des classements tels que Fang-Beti, et aujourd’hui certains
parlent du grand groupe « Ekang » dans lequel toutes ces ethnies seraient comprises). Nous sommes
tous un et indivisibles. La preuve en est que nous nous comprenons tous à quelque écart près. Deux Beti
de deux ethnies différentes ne peuvent pas déclarer qu’ils ne se comprennent pas sur toute la ligne. Au
cas contraire, l’ignorance de leur source est significative.
Les travaux de Jacob Kouma Zang (inédits) montrent que la langue fang contient tous les lexèmes et
morphèmes utilisés chez les Ekang ou Fang-Beti tout ce que vous voulez.
Si alors l’Ekamba qui est même en voie de disparition parce que les gens ne semblent plus disposer le
temps pour des choses pareilles, ne se pratique pas chez tous, c’est à cause des raisons sus-évoquées.

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