La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

L’anthropologue P. Laburthe-Tolra conclut sur le mevungu en le présentant comme un appel net à la
puissance de l’évu, ce qui cadre avec la conception beti selon laquelle les femmes sont de très grandes
sorcières au contraire des hommes. Il affirme également que le rituel du Mevungu est centré sur la
fécondité de la femme.
Les rituels célébrés par les femmes beti étaient sans nul doute très nombreux, mais à ces deux principaux,
nous pouvons ajouter l’Ongoda, beaucoup pratiqué chez les Eton ; c’est un rite initiation sexuelle des
jeunes filles en vue de leur prochaine vie d’épouse. La jeune fille était ainsi parée pour le mariage ; le
rituel Evodo présent chez les Mvele et les Eton, était une école de maintien et de discipline semblable
au Ngas selon Tolra.


En clair, il ressort que tout comme les hommes, les femmes beti avaient un grand besoin d’éléments de
contrôle de la société, éléments qui permettaient d’éviter ou de réduire les dérapages tels l’adultère, le
vol, les mauvais actes ; éléments qui permettaient de punir celles qui s’écartaient du circuit tracé par
l’éthique sociale ; éléments qui permettaient également de lutter, de se protéger et de se venger contre
les attaques de l’évu. Mais au-delà de tout, les femmes beti avaient des pratiques qui leur permettaient
d’exprimer et de remplir leur devoir de fécondité ; de personnes et bien sûr de biens, remplissant de fait
leur devoir de procréation, de multiplication. N’étaient-elles pas aux mains des anciens Beti, des
éléments de fructification.


Le Ñyabane Jaé

Le « Ñyabane jaé » qui est une sorte de massage traditionnel avec de l’eau chaude, survient après
l’accouchement, bien que de nos jours, cette pratique soit en train de disparaître à cause des autres tribus
c’est-à-dire leur manière de faire et aussi à cause des exigences du modernisme.
En réalité, si le Beti-Bulu-Fang le faisait, c’était parce qu’il estimait que la femme qui a accouché a
beaucoup souffert, qu’elle a rencontré beaucoup de difficultés et par conséquent on doit la protéger
pendant un bon bout de temps pour l’amener à mieux récupérer ses forces, à mieux se refaire en la lavant
avec de l’eau chaude et en mangeant une bonne nourriture, c’est ce qu’on a appelé « e yabane jaé/e yaba
dzèñ ».
Avec le jaé, il était également question de s’occuper du bébé à tout point de vue.
De nos jours, la pratique « jaé/dzeñ » est entrain de finir car il est monnaie courante de voir une femme
accoucher aujourd’hui et trois jours plus tard, elle sort pour aller au bureau en confiant le nouveau-né à
une femme de maison ou à une berceuse qui reste s’occuper de lui pendant qu’elle-même est au travail.
Il y a une chose qu’elle ignore, c’est qu’elle a souffert et qu’elle a besoin de beaucoup de repos car
l’accouchement c’est la mort à petit feu, et même qu’elle ne doit pas confier son bébé à quelqu’un
d’autre. Tout ceci n’est qu’un exemple du comportement des Beti-Bulu-Fang de nos jours hérités des
autres tribus. A cet effet, les jeunes aujourd’hui sont invités à faire une synthèse c’est-à-dire prendre ce
qui est bien dans les coutumes ancestrales et ajouter à cela les connaissances livresques acquises tout au
long de leurs études, ainsi ils seront complets.


La Pratique du « Jae/Dzèñ »

La femme allait généralement accoucher chez ses parents et c’est dans sa famille qu’elle passait son
congé de maternité, « e yabane jae ».
Après l’accouchement et dès la sortie de la maternité, on amène la femme à la maison de préférence
dans la cuisine, on racle les bords du lit qui a été confectionné pour le rite « Jae » plus précisément le
côté avant et arrière du lit. La poudre recueillie lui est remise pour qu’elle l’aspire comme prise (e
vebelan). Cette prise permet de blinder le lit destiné au rite. Et ce blindage permet à la mère c’est-à-dire
« njejae » d’être à l’abri des sorciers ou mieux de toute pratique de sorcellerie ou de nuisance et l’épargne
de tout danger ou même de la présence d’un esprit maléfique.
Exemple : s’il arrive qu’un sorcier prenne place sur son lit, elle ne court pas le risque d’être malade
(fuma jae) « la gale ». Elle ne risque pas d’attraper les boutons ni même la gale ainsi que son enfant.

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