La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

bien avant nous, présenter quelques-uns de ces rituels qui parfois ont été importés des autres groupes de
peuples suites aux guerres, aux mariages, aux invasions. Ces rites étaient d’expiation, de purification et
d’incantation.


Le Rite Ndongo

Tolra considère que le Ndongo est traditionnellement une forme abrégée et privée du Sô, organisé pour
expier un nsem sans pour autant supporter les dépenses qu’imposait le Sô. Le Ndongo consistait en effet
à confesser ses péchés auprès d’un ngengan, un guérisseur qui à cette occasion, pratiquait l’absolution
(Ndi-Samba, 1971). La confession pouvait également se faire auprès de celui à qui le tort a été causé.
Cette action nécessite de la part du fautif beaucoup de courage, d’humilité, mais aussi un grand sens de
la paix ; la guérison étant obtenue à partir de la réconciliation.


Le Rite Esie

Rite de conjuration, l’Esie était pratiqué quand un membre d’une famille, malgré les soins médicaux
prodigués n’arrivait pas à recouvrer la santé. Il était donc organisé par tout le lignage une assise rituelle
publique regroupant la famille large et à laquelle était convié un, parfois plusieurs mingengañ pour
conjurer la maladie.
Le malade doit donc faire une confession publique de tous ses méfaits. Si c’est un enfant mineur qui est
malade, ce sont ses parents qui confessent. Les hommes âgés de la famille invoquent les ancêtres pour
qu’ils accordent la guérison au malade qui a tout avoué sur ses actes.
Puis après la confession, les participants majeurs vont tous en brousse pour chercher les herbes et les
écorces médicinales qui sont malaxées dans une grande bassine médicinale faite avec de l’eau de source.
Le malade est arrosé par les siens puis il se lave lui-même. Dès cet instant, le guérisseur peut
diagnostiquer le mal et le soigner. S’il ne peut le faire, il peut orienter le malade vers un spécialiste.


Le Rite Tso’o/Tsô/Tsogo

C’est un rite de purification consistant à « laver » une personne d’un mal commis. A la différence du
rituel Esie, réservé à une personne malade mais qui ne guérit pas malgré les soins, le Tsô s’adresse à
une personne en bonne santé physique mais malade psychologiquement et désireuse de conjurer le mal
fait aussi bien à l’encontre de son prochain qu’à l’endroit de la communauté. Il s’agit de l’élimination
rituelle d’un individu coupable d’un crime volontaire ou suicide ayant porté atteinte à la vie d’une
personne par un moyen ou par un autre (Laburthe-Tolra, 2010, p. 129).
La deuxième possibilité du tsô est le cas d’un inceste, car pour un Beti, commettre l’inceste c’est « tuer
» la parenté ; par conséquent quiconque a commis l’inceste est considéré comme un criminel et doit
également se purifier. Mais sa célébration est différente de celle de celui qui a versé le sang.
C’est ainsi par exemple que les incestueux vont piétiner le mouton ; victime de substitution, avant qu’il
ne soit égorgé. Dans d’autres cas d’ailleurs, la bête est étouffée et non égorgée car prenant la place d’un
être humain.


Interprétation du Rituel et de la Formule de Bénédiction Chez les Beti-Bulu-Fang

Le concept de bénédiction relève d’un aspect très important de la religion Fang-Beti. En effet, bénir est
un rite religieux, qui consiste à extirper un individu ou un groupe d’individus des méandres de la
malédiction, donc de la malchance, héritée d’une faute grave (bris d’interdit) ou de la désobéissance
envers son parent. Le rituel pour mieux le saisir demande à examiner plusieurs aspects y afférents :
acteurs, leur rôle, les gestes, les paroles, le moment... avant d’esquisser une interprétation du rituel.
Avant d’entrer dans le vif du problème, il faut d’abord comprendre pourquoi parle-t-on de « rite de
bénédiction » en d’autres termes, quelle est la raison d’être du rite?

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