La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

De ma part, je pense que c’est logique d’accepter cette réalité, au lieu de nier en bloc même si les thèses
européocentriques ont été trop barbares et méprisantes.
La tolérance d’un vis-à-vis consiste en l’acceptation de la différence et le respect de la vie de l’autre. Il
faut savoir que l’autre a son histoire, il a sa vie qui doivent être respectées sans une restriction possible.
Telle est l’optique des droits de l’homme et celle de la clinique Psychiatrique/Psychologie clinique.
Chaque race, chaque Nation, chaque peuple et chacun a ses croyances, sa symbolique, ses signifiants et
signifiés et donc ses représentations. A en croire le grand exode rural observé dans nos contrées, et dont
la seule et valable raison qui prévaut est la fuite ou l’évitement de la sorcellerie dans les villages, je m’en
presse de ce pas pour vous présenter en filigrane certaines réalités de nos villages, au sujet de la
sorcellerie.


Pendant les grandes vacances de 1997, les ténèbres venaient de couvrir le village, lorsque les uns et les
autres sans transitions aucune nous déballèrent et révélèrent les plus effroyables histoires connues alors
de tous (c’est-à-dire villageois, habitants de ce village et ceux des villages environnants). Que non! Une
lampe tempête à une certaine heure de la nuit, brille souvent au beau milieu du pont de la rivière
Ondougou séparant deux villages (Ossama et Atega). Ces deux villages sont chacun perché au sommet
des deux collines, qui donnent la forme U à la vallée qu’arrose Ondougou. Nombre de courtisans
aventuriers nocturnes des femmes de ces deux villages certifient leur Psychose. Lorsqu’ils ont vu 1, 2,
3, 4 fois la même scène sur ce même endroit et non pas ailleurs. Ils racontent :


« Lorsqu’on fait surface au sommet de l’une des collines à la sortie de ces villages, à quelques pas avant
d’aborder le cœur de la sombre vallée, cette lampe s’allume sur le pont. Si vous êtes courageux et si
vous vous dites que vous n’avez rien de commun avec le monde des ténèbres, vous foncez et à 50 m du
pont, cette lampe disparaît et vous traversez le pont comme si de rien ne fut. Mais aussi à 50 m de votre
échine elle réapparait ».


Une jeune femme, la bru de la co-épouse de ma grand-mère native de l’un de ces villages riverains
(Ossama) nous fit alors ces témoignages :


« Un jour, nous y sommes rendus pour aller qui, laver ses habits, qui les assiettes et marmites et qui
d’autres simplement nous tenir compagnie et pour se baigner après. L’ambiance du jour nous a empêchés
de voir la déclinaison du jour, que non, nous vîmes descendre vers nous à l’amont une lumière. De la
pensée enfantine, nous crûmes que ce fut un pêcheur qui visitait ses lignes. Curieusement, certaines
remarquèrent qu’aucun bruit ne rythmait l’évolution du « pêcheur » vers nous. Au signal gestuel des
unes, nous observâmes bien notre étrange visiteur et vîmes alors une forme aussi problématique que
non, une main soutenant la lampe mais sans distinguer où elle est suspendue, un képi mais sans tête ni
tronc qu’il coiffe. Du coup, chacune de nous se retrouva sur la rive, et comme d’un commun accord,
personne ne prit l’initiative de prendre la clé des champs. Un froid glacial engourdit nos corps/membres
et un silence mortuaire s’imposa à nous. Un temps soit peu, ce dispositif disparut au-devant de nous,
pour réapparaître quelques minutes à l’aval et de l’autre côté du
pont et s’immobilisa. Là-dessus, c’est chacune qui voulut que
d’autres l’entourent pour être à l’abri du malheur et aucune
force ne nous habita. Nous poussâmes alors (sans songer fuir)
des cris de détresse de toute notre énergie, à ce que nos parents
nous entendent et, comme justement certains venaient déjà nous
y chercher avec chicottes en mains parce que chez nous, les
parents ne supportent pas que leurs enfants restent longtemps
hors des maisons familiales, ils nous interrogèrent sur notre
étrange comportement. Nous pointâmes seulement du doigt
l’endroit où le dispositif s’était immobilisé, n’eût été le
questionnement répétitif de ces parents nous ne nous saurions
jamais rendu compte que ce dispositif de malheur aurait disparu
définitivement. La bombe de colère de nos parents fut

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