La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

toujours la même. Le respect dû aux beaux-parents de la fille est presque toujours observé cependant
qu’il y a parfois et ce de plus en plus de conflit entre un conjoint et ses beaux-parents.
En effet, de nos jours, il est désormais possible sinon pas courant de rencontrer un couple autour duquel
le respect dû aux différents beaux-parents n’est toujours observé. Ainsi, on rencontre beaucoup de
couples vivants maritalement, mais où les parents de la fille n’acceptent pas leur beau-fils, malgré la
ferme décision de leur fille de faire sa vie avec celui-ci. Dans de tels couples, la mère de la fille peut
rendre visite à sa fille dans sa belle-famille en cas d’événement important, elle ne sera pas l’objet
d’attention particulière de la part de son beau-fils et même de sa commère. Il en est de même pour le cas
où la fille n’est pas acceptée dans sa belle-famille. D’ailleurs de telles situations sont souvent cause de
déchirements des familles ; beaucoup préférant aller vivre avec leur conjoint loin de la pression
familiale. De telles actions n’étaient pas envisageables à l’époque des anciens, où les mariages étaient
une affaire de deux familles. Cela nous permet de comprendre que la procédure de mariage a été la
première à changer.


Pour finir avec les bouleversements observés dans la relation d’alliance, et avant d’analyser la procédure
de mariage, notons que autrefois, les relations sexuelles entre les membres de deux belles-familles
étaient à exclure, si ce n’est le cas où le beau-fils venait à passer la nuit chez ses beaux-parents, et qu’on
lui trouvait une femme (petite sœur à sa femme...) pour lui « réchauffer » les pieds la nuit ; cependant
aujourd’hui, il est fréquent d’apprendre l’existence des relations amoureuses entre beaux-frères et sœurs
; il est même aujourd’hui des cas de relations amoureuses entre le beau-père et sa belle-fille, ou alors
des relations entre le beau-fils et ses belles sœurs, ainées ou cadettes de sa femme. Une grande
personnalité politique dans la Vallée du Ntem avait même réussi à épouser deux sœurs de même père et
mère. Il est vraiment bien loin le temps où les anciens contrôlaient la société.


Et point n’est besoin de grand discours pour comprendre que les cadeaux offerts régulièrement à sa
belle-mère par son beau-fils ont considérablement diminué, lorsqu’ils sont régulièrement offerts. Quoi
qu’il en soit, la belle-famille reste encore un troisième village pour l’époux.


Cas Des Enfants Naturels


Dans l’étude de la vie des anciens Beti-Fang, nous avons relevé que la situation des enfants naturels
était assez pathétique en ce qui concerne les droits auxquels pouvaient accéder les autres enfants de la
famille, surtout lorsque survenait le problème du partage de l’héritage. De nos jours, la situation des
enfants naturels est encore complexe.
Dans le partage de l’héritage, ils n’ont pas souvent une part particulière, seuls les enfants légitimes sont
concernés. Cependant, il est fréquent de voir dans certaines familles les enfants naturels revenir sous la
responsabilité d’un des oncles maternels. Ainsi, l’oncle en question le prend chez lui et s’occupe de lui
tout comme sa propre progéniture. Il est responsable de son éducation, de sa santé, de son habillement,
bref de lui.
Dans d’autres familles, les enfants naturels sont à la charge de leur mère, qui lorsqu’elle n’est pas mariée,
vit soit chez son père, soit seule, dans un logement qu’elle loue à ses frais, pour le cas de ceux qui vivent
en ville. Cependant, pour les enfants naturels dont la mère est mariée, des problèmes surviennent le plus
souvent avec leur époux, qui refuse souvent de s’occuper d’un tel enfant. C’est donc de cas pareils qui
amènent plusieurs femmes à laisser leur progéniture hors-mariage à un des frères qui le prend avec lui.
De tels exemples sont légion chez les Beti aujourd’hui.
Une autre alternative existe également ; il s’agit de remettre l’enfant à son père légitime. En effet, nous
avons dit qu’il y a des cas où le mari ne veut pas d’un enfant dont il n’est pas le géniteur ; des cas
également où l’enfant revient à son oncle. Des expériences vécues auparavant ont montré des enfants
frustrés par leurs belles-mères, leurs demi-frères et par conséquent traumatisés ; pour éviter de tels
désagréments et assurer une enfance tranquille et une éducation adéquate à la progéniture, des femmes
Beti optent de plus en plus pour cette solution : remettre l’enfant à son père légitime qui en prendra soin.
C’est la solution de plus en plus sollicitée par les jeunes, ce d’autant plus que la loi camerounaise autorise
le géniteur à reconnaître son enfant et à le prendre avec lui.

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