La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Les Changements Dans La Procédure De Mariage?


La procédure de mariage a également connu beaucoup de chamboulements. La fille dans une famille
Beti a toujours besoin de l’accord de ses parents pour épouser un tiers, même si de temps à autre des cas
de discorde surviennent entre le père et sa fille au sujet du choix de l’époux de cette dernière.


Pour ce qui est du choix de la femme, la bonne vieille méthode qui consistait à « consigner » la femme
à naître n’existe pas. En effet, il n’est plus question de commencer la dot d’une fille encore dans le
ventre. Également, le choix des fillettes encore mineures est également presqu’oublié même si dans des
localités éloignées des centres urbains, non couvertes par le réseau routier, radio et télévision, donc
presqu’au banc de l’évolution et des débats du monde actuel, on relève encore çà et là des fillettes de
moins de 14 ans mariées, ou destinée à un tel par la famille ou destinée à épouser un tel parce que la
famille du prétendant et celle de la fille sont très proches ou leurs chefs de très vieux amis. L’on dirait
donc que le choix concerne de nos jours dans la plupart des cas des filles adolescentes.


Pour ce qui concerne les intermédiaires, il y en a toujours car pour introduire un prétendant dans sa
future belle-famille, il faut sa tance, son oncle, sa mère, ou alors il peut aller avec son grand-frère ou
cousin. C’est ce que nous avons appelé « ébôngon » ou encore « dzâan ». De là, la démarche dépend du
prétendant et surtout de ses moyens matériels. Il pourra décider d’enlever la fille ; c’est le mariage par
rapt appelé « alùug abom » ; ou alors ce sera le mariage de requête (pour les deux, voir article sur les
formes de mariage). Pour le mariage par rapt, la famille du garçon paye la dot progressivement une fois
que sa belle-famille l’a reconnue comme beau-fils.


Quant au mariage de requête, de loin le plus pratiqué encore aujourd’hui, il demande que la famille du
garçon apporte la dot pour avoir la femme, ou seulement une partie de la dot. Il faut d’abord saisir ici
que la nature de la dot a changé et nous le verrons, puis il faut noter qu’il peut arriver que même la
totalité de la dot versée, la femme reste dans sa famille, le temps que celle-ci se prépare à l’accompagner
dans son foyer.
La famille de la femme s’occupe donc d’équiper la cuisine, en ustensiles, vivres, habits... tout ce dont
la femme pourrait avoir besoin les premiers, le temps qu’elle s’installe. Tout cela réuni, la famille
informe celle du mari du jour de leur arrivée ; c’est l’occasion de festivités grandioses qui nécessitent
d’énormes dépenses de la part de la famille du garçon.
Après l’accueil qui comporte des articulations multiples, la plus importante reste celle de la présentation
de la femme au public. Elle est accompagnée de ses sœurs, le garçon aussi est accompagné de ses frères.
Tous s’habillent et se parent pour la circonstance, avec les lotions, crèmes, poudres, parfums modernes,
la poudre de padouk et l’argile étant complètement révolues.
La femme va apparaître au public au son de la musique, qui peut être des balafons, des tambours et tam-
tam, lorsque le matériel de musique moderne n’est pas accessible. Après cette sortie en public, les
festivités continuent avec la remise des cadeaux aux visiteurs après qu’ils ont « habillé » la case de leur
fille de tout ce qu’ils ont destiné à propos. On appelle ces cérémonies de remise de la femme « Yala »
ou « éliri » ou encore « ékoulou abaa ». Précisons que ces activités ne tiennent pas en un seul jour, mais
s’étalent sur deux ou trois jours.


Cependant, vu le coût des festivités, cette pratique est de plus en plus l’affaire des nantis, des familles
riches ; qui profitent de telles occasions pour faire étalage de leur fortune. Quoi qu’il en soit, quel que
soit le type de mariage, la dot elle est presqu’identique quant à la nature des biens ; cependant qu’elle a
changé par rapport à ce que faisaient les Beti anciens.
En effet, pour le mariage par rapt, il arrive toujours que les frères de la fille viennent revendiquer
réparation du préjudice causé. Il leur est remis à cette occasion : un ou deux porcs, un ou deux chats, un
ou deux chiens, un ou deux coqs, un ou deux canards, de la boisson dont toujours une liqueur forte, du
vin rouge, l’argent de transport pour l’aller et le retour du voyage, de la cigarette, du tabac, la kola.
Tout cela devra être présenté au père de la fille, ou au grand frère au cas où le père ne serait plus. Cette
partie de la dot est non remboursable. Il faut également préciser que durant le séjour de ces émissaires,

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