La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Très tôt le jour de la levée de la veuve, elle est conduite par ses belles-sœurs, sous l’œil attentif des
siennes, dans les multiples épreuves de brimades. Et à propos, certaines épreuves ont été abandonnées
(courir dans la brousse, fixer le soleil...) à cause de leur trop grande sévérité ; modernité et droits de
l’homme sont à respecter. Des épreuves moins sévères tel : transporter un tronc de bananier, jouer du
Mvet, rire, danser, chanter, semer des aliments au champ, faire des roulades sur le sol mouillé, bercer
un bébé... Ces épreuves sont imposées par les belles-sœurs qui accusent la veuve d’avoir fait souffrir
leur frère et de l’avoir tué après.
Une fois ces épreuves finies, la veuve est conduite à l’eau, où elle sera lavée, rasée, habillée d’habits de
veuvage en noir le plus souvent. Ramenée au village, certains interdits peuvent lui être rappelés,
cependant que durant le veuvage (qui peut durer jusqu’à plusieurs mois), la veuve a désormais le droit
de pratiquer des travaux champêtres, d’aller au marché, de serrer la main à des personnes...


La levée du deuil met un terme au veuvage. Elle intervient après une certaine période, et dans certains
groupes Beti, au moment des funérailles. Tôt le jour indiqué, la veuve est encore conduite à l’eau par
ses belles-sœurs, toujours sous la surveillance des siens. Elle est arrosée de l’eau médicinale préparée à
propos une fois sortie de la rivière. Ses habits sont jetés dans la rivière qui emporte la souillure et la
malédiction au loin. Elle est soignée, coiffée, habillée et ainsi elle est conduite au village dans une grande
joie. Parvenues au village, les belles-sœurs lui font simuler toutes les scènes de la vie quotidienne :
semailles, récoltes, vente, achat, scènes de ménage, simulation du mariage, bercer un bébé... Ces
multiples scènes terminées, la bénédiction finale est donnée par le patriarche. La veuve est donc
réhabilitée et de nouveau pleinement admise.


Il faut ici préciser que dans certains groupes Beti comme les Fang, les Mvae, les Ntumu, c’est à cette
occasion que la veuve désigne si elle le souhaite lequel de ses beaux-frères devra la prendre pour épouse.
Néanmoins, cela aussi devient de plus en plus difficile du fait que les Beti supportent de moins en moins
la polygamie, mais surtout du fait que le plus souvent, beaucoup de femmes préfèrent rester libres,
probablement pour mieux contrôler leur monde, ou encore elles préfèrent choisir une personne autre que
les beaux-frères. Histoire de se défaire quelque peu des entraves de la belle-famille.


En tout état de cause, nous à notre niveau, nous avons le devoir culturel de dénoncer les excès observés
dans le veuvage, le devoir également de rappeler aux uns et autres le côté purificateur du rituel de
veuvage. Quant à ceux qui observent le veuvage religieux, il est toujours très significatif car en fait ce
que nous recherchons tous c’est la paix spirituelle, la paix de l’âme, le bonheur de l’être humain. Alors,
se confier à Dieu dans un moment de détresse, de douleur, ne saurait être que bénéfique.

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