faire, on tient compte du travail qu’elle aura effectué, des femmes qui parfois sont ses sœurs et cousines
qu’elle a attirées chez son mari, des fils et surtout des filles qu’elle a enfantées et dont chacune est une
source de richesse virtuelle pour son mari. Ainsi femmes, enfants (filles mineurs), esclaves, autres biens
étaient remis à l’aîné de chaque groupe de fils qui à son tour effectuait le partage avec ses frères utérins.
Cependant, les dépenses effectuées par le père pour marier où installer un des héritiers étaient le plus
souvent considérées comme des acomptes d’héritage ; et de ce fait, réduites de la part correspondante.
Les femmes âgées, non productives revenaient à l’aîné lorsqu’elles n’avaient pas de fils. L’aîné recevait
dès lors quelques compensations. C’est lui également qui devait marier ses frères cadets qui étaient
célibataires. Pour ce faire les épouses encore jeunes du père pouvaient revenir à l’un de ses fils, ou alors
à l’ainé. Dans certains groupes beti cependant c’est la veuve qui décidait chez qui elle voulait se rendre,
ou qui elle voulait épouser.
En cas de contestation, les notables se retiraient pour un conciliabule (esôg) et une fois l’unanimité
retrouvée, un rassemblement général avait encore lieu et le porte-parole donnait la décision des
vieillards. Dans tous les cas, le principe dominant est de ne pas être strict selon des normes abstraites,
subjectives, mais de prendre en considération la situation concrète de la famille afin d’effectuer un
partage impartial pour pourvoir chacun sans pour autant désavantager personne. Une fois le partage de
l’élig accompli, le président de séance martèle encore la nécessité de l’union, de l’unanimité afin de
prévenir les discordes et la désunion. Le partage est dès lors irrévocable.
Néanmoins, quelle que soit la volonté affichée par les uns et les autres de rester unis, le partage de
l’héritage consacre bien la scission des lignages, la fin de la communauté familiale, le déchirement au
sein d’une cohésion jusque-là maintenue par le père. Car en fait seuls les frères mineurs qui n’ont pas
encore la force de s’établir vont continuer à accepter l’autorité d’un autre frère. Le partage de l’élig tout
en essayant d’éviter les mésententes entre frères germains, causait la segmentation du groupe Beti.
Eléments De L’économie
Comme toutes les sociétés du monde, l’homme Beti recherche la prospérité, l’épanouissement, le bien-
être. C’est pourquoi tout homme cherche à être un « nkùkùma » ou « nkùkùm ». C’est-à-dire un homme
riche. L’homme riche c’est celui qui a construit de nombreuses cases, un grand village qui a fait de
nombreux enfants et surtout qui a plusieurs femmes/épouses.
Si, réunis, ces éléments font un homme riche, c’est la femme qui est le fondement des autres. Car pour
qu’un homme s’installe, il lui faut une femme ; puis il construit des cases, fait des enfants et après peut
augmenter le nombre de ses épouses. Le mariage se trouve dès lors être le point de départ mais aussi
d’arrivée de l’activité du Nkùkùma. Comment le Beti aborde-t-il le mariage? Qu’implique-t-il?
Le Mariage
Dans de nombreuses sociétés traditionnelles, la question
de mariage est fort complexe et parfois elle est le sujet de
multiples exigences. Pour les Beti, de nombreux
observateurs ont parlé d’une liberté sexuelle des jeunes
avant le mariage. Qu’en-est-il exactement?
Le mariage est une union d’un garçon avec une fille. Mais
les deux n’ont pas le même parcours avant
l’aboutissement au mariage.
En effet pour la fille, l’éducation à la sexualité, aux
rapports avec l’autre sexe commence très tôt. Elle se fait
par d’autres femmes, souvent plus âgées et mariées, lors
des parties de pêche (alôg) où les scènes et paroles