La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

transactions du mariage. Et pour « l’évân ngon », un homme qui avait vu une femme enceinte venait
donner un paquet de fard rouge « le ba’a », un sac de perles, une marmite d’huile de palme... Tout cela
pour embellir et entretenir le futur bébé. Si c’était un garçon, on attendait la prochaine grossesse. Sinon
on remboursait les cadeaux. Ces cadeaux étaient appelés « ébân alùg », fondement ou gage du mariage.
Le mari dès la naissance de la fille commençait la dot ; s’appropriant ainsi les éventuels enfants. La
femme était remise à son mari à l’âge de 6-7 ans qui la remettait à sa mère, ou à l’une de ses épouses.


Dans le cas d’une fille adulte, l’on passait par l’ébôngon qui nécessitait les intermédiaires (betebe zâñ),
qui mènent les enquêtes pour informer la famille du garçon sur la famille de la fille : fécondité, bravoure,
force, sorcellerie... dans le cas de proche voisinage, ces démarches sont brères. Après une délégation
comprenant les membres du lignage du garçon se rend chez le père de la fille pour la demande en mariage
« nsili alùg ». Cette délégation, très polie est respectueuse apporte des cadeaux et l’huile de palme pour
l’ébân alug, qui seront présentés par le porte-parole des visiteurs le lendemain de leur arrivée. Ces objets
étaient présentés à la fille devant l’assemblée. Si elle les remettait à son père, c’est qu’elle acceptait le
mariage sinon elle refusait. Si elle acceptait, sa famille se retirait pour un conciliabule (esog) au sortir
duquel, la dot était présentée à la famille du garçon.


Notons ici s’il n’était pas question d’imposer souvent un mari à une fille adulte, sans son consentement,
il n’était guère question non plus pour une fille respectueuse de la tradition et bien élevée, craignant son
père, d’oser refuser un mari que lui proposait celui-ci. Et souvent, dans le cas de pareilles filles, il était
fréquent qu’une fille soit livrée à son mari mains et pieds liés, après avoir reçu une bonne fessée. En
quoi consistait maintenant la dot?


Rappelons tout d’abord que la dot « meveg » scellait un
vrai mariage. C’est elle qui transférait des droits au mari
sur la fille et surtout sur les enfants qui naitront. De ce
fait les deux clans en présence sont intéressés. C’est le
patriarche du clan de la fille qui présente ce qu’il faudra
donner : une ou deux chèvres ou moutons pour les belles-
mères, deux ou trois pour les beaux-pères (pour l’aba’a),
un mouton/chèvre pour la génitrice de la fille, un chien
ou un chat pour les frères de la fille. Ses sœurs n’ont rien
; étant elles aussi de passage dans le clan. Cette partie de
la dot constitue « le bitsii » / « le bikù » chez les Ntumu ;
c’est la partie non remboursable de la dot. Puis on dit le
nombre de « bikie » (ekpwelé pour les Ntumu), morceaux de fer aplatis aux deux bouts, de douzaine de
centimètres de long sur un ou deux de larges. Après ces moments, c’était la bénédiction de la salite (jets
de salive), qui suit la remise d’une tête de mouton égorgé signe qu’elle pouvait désormais fonder une
nouvelle lignée indépendante. Sa famille l’aide pour ses premiers jours au village de son mari où elle ne
sera définitivement adoptée par la famille de son mari qu’en fonction de sa productivité en tant que
cultivatrice et reproductrice. Si elle est effectivement productive sur les deux aspects, son mari
continuera de combler sa famille de cadeaux qui lui aura permis de devenir un mfañ mod, un homme
riche, un vrai homme.


Les Formes Du Mariage


Avoir une femme pour les Beti n’obéissait pas à une règle unique préétablie. On pouvait avoir une
femme de plusieurs manières. C’est pourquoi on parle de Bekân meluk c’est-à-dire les différents types
de mariage.

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