femmes que ses moyens le lui permettront. Beaucoup de femmes encore aujourd’hui se retrouvent dans
un foyer polygamique à cause de ce problème.
Nous ne pouvons ne pas signaler que certains hommes également pour des raisons qu’ils ne peuvent
eux-mêmes justifier se retrouvent polygames par mimétisme, juste pour imiter ce que font les autres.
Quant aux problèmes qui se posent dans un foyer polygamique, ils sont nombreux et les uns plus sérieux
que d’autres, car dans plusieurs cas, la polygamie a fait des victimes, causé des dégâts parfois
irréparables.
En effet, avec les anciens Beti, les problèmes dans un foyer polygamique étaient moindres, pour la
simple raison que l’institution était érigée en norme et jamais elle n’a fait l’objet de contestations de qui
que ce soit. Les jeunes filles à marier ou qui devaient entamer leur vie de femme au foyer étaient
éduquées par les femmes les plus âgées sur le quotidien d’une femme mariée. Ainsi, une fille qui partait
en mariage savait déjà à quoi s’attendre, grâce aux conseils de sa mère, de la belle-mère, de la femme la
plus âgée du groupe.
Les problèmes de partage des biens, du vivant comme à la mort du mari avaient une influence moindre
parce que la femme attendait peu de choses de l’homme, c’est elle qui produisait et ce qu’elle produisait
était la propriété de son mari. Le partage de l’héritage, nous l’avons dit, se faisait devant les patriarches
du lignage et les points pouvant causer des malentendus étaient réglés sur le champ.
Mais de nos jours, la polygamie constitue une véritable poudrière, prête à exploser et tout peut y mettre
le feu.
En effet, la femme n’est plus une simple productrice, elle est devenue une personne qui a besoin d’être
entretenue, soignée si elle tombe malade, recevoir de quoi manger si elle a faim, habillée... Dès lors, le
premier problème que pose la polygamie aujourd’hui est d’énormes dépenses à faire pour mettre
plusieurs femmes à l’abri du besoin. D’où la misère des enfants dans certains foyers polygamiques,
lorsque les moyens dont dispose le père ne peuvent garantir le bien-être de tous.
Le deuxième problème qui se pose avec la polygamie est celui de l’équitabilité. En effet, la vie étant
devenue plus dure, les femmes dans un foyer polygamique se montrent plus regardantes, plus
rigoureuses quant à la répartition des moyens de subsistance par leur mari. Ainsi, une différence d’un
ou deux morceaux de savon dans le partage peut suffire à mettre le chaos dans la maison. Cela est
d’autant plus grave si le chef de famille a des préférences pour l’une ou l’autre de ses épouses.
Le même enjeu crée des problèmes lorsque le partage de l’héritage se pose. En effet, du vivant du mari,
toutes ses femmes prennent la peine de chercher à entrer dans les faveurs du mari pour qu’avant sa mort,
il lègue le plus de biens à ses enfants.
Et ce problème entraîne d’autres qui sont souvent tragiques. En effet, dans plusieurs familles beti, des
hommes polygames ont perdu leur vie à cause des disputes et querelles de leurs femmes sur les faveurs
que l’homme accorde à l’une ou certaines, au détriment d’autres. Plusieurs femmes, se sentant lésées
ont souvent préféré ôter la vie de l’homme pour qu’elles soient toutes perdantes.
Dans d’autres cas, les femmes se lancent chez des charlatans et autres marabouts pour des recettes de
charme à servir à leur homme, recettes qui finissent le plus souvent aussi à causer des décès ou des
maladies dont certaines aboutissent souvent à la mort du mari.
Les mêmes raisons ont souvent aussi causé des infanticides ; dans des cas où un enfant en particulier
serait dans les faveurs de l’homme, l’une ou la femme dont les enfants sont plus ou moins ignorés, cette
femme dans plusieurs cas décide souvent d’ôter la vie de l’enfant élu du père, ou alors c’est un
envoûtement qui peut lui être lancé. Plusieurs foyers polygames dans les sociétés beti ont connu ces
problèmes, qui le plus souvent persistent, parfois avec des répercussions très désastreuses sur la vie
adulte des enfants pourtant innocents dans ce combat irrationnel de personnes adultes.
En effet, loin de se limiter aux personnes concernées, la haine d’une femme qui s’estime lésée dans un
foyer polygamique, poursuit souvent les enfants de sa ou ses rivales jusqu’outre-tombe. Ainsi, restée
seule parce que sa rivale est décédée, ou bien a divorcé, la femme qui reste avec le foyer s’acharne alors
sur les enfants de l’autre, pour leur faire payer toutes les peines que leur mère lui avait faites. C’est alors