que ces enfants peuvent voir leurs études perturbées voire arrêtées parce que le père ne s’occupe plus de
leur cas, ces enfants se verront imposer des travaux parfois au-dessus de leur force, alors même qu’ils
ne mangent pas suffisamment à leur faim. Leur calvaire sera autant plus grave que le père n’a pas un
pouvoir sur son épouse, ou qu’il se préoccupe moins de leur cas. Les conséquences sont connues de tous
: délinquance juvénile, drogue, études arrêtées, vol, enfants de la rue, prison, etc...
Sans être des avocats de qui que ce soit, ni de quoi que ce soit, nous voulons tout simplement attirer
l’attention des hommes, des jeunes Beti d’abord, sur les graves problèmes que pose la polygamie et leurs
conséquences. Nous ne pouvons néanmoins terminer sans déplorer ou décrier le manque d’humanisme
de ces femmes qui maltraitent les enfants de leurs coépouses divorcées ou décédées, car ces enfants ne
sont que des innocents et plus grave, ce comportement jette le doute sur l’amour maternel, le cœur
maternel que les femmes n’ont pourtant cessé de clamer haut et fort
L’organisation Polygénique
Nous avons vu que pour qu’un ancien Beti Fang soit considéré et respecté, il devait être propriétaire de
plusieurs femmes puis d’enfants, enfin venaient les clients, les esclaves... Et tous ces hommes, il fallait
les disposer sur un espace propre qui devenait par la suite un grand village. Il apparaît ainsi clairement
que le village n’était qu’un ensemble de cases d’un homme avec ses épouses et ses dépendants. Ce qui
nécessitait une certaine configuration. C’est pourquoi un village avait une « tête » « nlô dzaa » ou « nlô
dzâl » où l’on retrouvait la case des hommes, ou abââ, dont le poteau central avait à son pied tous les
éléments protecteurs et fécondateurs du maître des lieux. Devant cette case se trouvait le tam-tam
d’appel et un peu à côté encore la resserre personnelle du mod dzâl ou midzââ, lieu interdit aux femmes.
Les autres maisons s’alignaient perpendiculairement à l’abââ, selon le nombre d’épouses du chef de
village/famille.
Ainsi la case-cuisine-chambre à coucher de la favorite « mkpeg » (celle que l’on étreint fortement) était
proche de l’abââ. C’est la femme de confiance, avec laquelle il passe son temps de loisir, à qui il donne
ses biens les plus précieux : cheptel, jeunes épouses pubères, sa pipe et affaires personnelles.
Cependant c’est « l’otongô » « ontongoan » (la nourrisseuse) qui voyait sa case plus proche de l’abââ.
C’est d’ailleurs à elle que revenait l’honneur de
voyager avec lui. C’est elle qui décortique les noix de
cola, bourre la pipe, c’est elle qui assure la propreté de
l’abââ et de la cour. C’est elle que le mari met à la
disposition des visiteurs de marque.
A l’autre extrémité du village appelée ebôn ou zud
dzâl chez les Ewondo et Bene, akug dzaa chez les
Ntumu, se trouve la première femme, l’ékomba ou
ekoma, dont le travail a permis le développement du
village. Son mari la consulte pour tout car c’est elle
qui lui a apporté la chance et la prospérité. Elle jouit
d’une autorité auprès des autres femmes.
Entre les deux extrémités du village se trouvent donc
les autres épouses, qui n’approchent généralement
leur mari – à part les plus jeunes – que pour lui apporter à manger. Ce sont les « languissantes ». Les «
minluii/minlua qui peuvent recevoir un client, un ntobo, renforçant ainsi le potentiel humain du chef et
faisant de lui-même un noble (ntôma/ntômba).
Dans le cas où la mère veuve est encore au village, elle bénéficie d’une place d’honneur à l’entrée du
village. En tout état de cause, l’organisation d’un village beti ressort clairement le caractère
d’appropriation de l’homme sur la femme ; l’homme est responsable de la femme dont l’idéologie
présente comme un être qui ne se suffit pas et dont l’homme doit faire fructifier en la gardant et en la
protégeant.