La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

tambour... En bref, le Beti était un bon sculpteur. Et presque tout portait une marque de cette sculpture
: pipes, cannes, assiettes. Sur un autre plan, grâce au bois, les hommes se confectionnaient les tissus
d’écorce battue pour le fameux obom (cache-sexe) ; qu’ils étaient d’ailleurs les seuls à porter. L’obom
était obtenu de l’écorce de l’arbre abañ que l’on frappait à l’aide d’une défense d’éléphant, ou alors
d’une côte. Du bois, le Beti fabriquait également des cordes pour les filets de chasse, des gibecières, des
paniers... Le bois était bien diversement utilisé.


La Chasse

Pour se procurer des protéines animales, les Beti ont développé un art de chasser très significatif. L’on
pourrait parler de deux types de chasses. Une chasse pour les animaux moyens (porc-épic, hérisson,
civette...) qui consistait à tendre des pièges (assomoir, barrière, pièges à collet...) et aussi une chasse
aux grands animaux. Elle est avec la guerre, l’occupation virile par excellence du Beti-fang. C’était la
chasse au lion, éléphant, gorille, buffle... La chasse au petit gibier était d’ailleurs l’apanage des femmes
et des enfants.
Pour la grande chasse, les outils sont multiples : lances, arbalètes, filet ; c’était une chasse de battue à
courre et au filet. Elle nécessitait la participation de tous, mais aussi des interdits et des puissances
magiques. Car ces grands animaux étaient (pensait le Beti) la réincarnation d’ancêtres morts. C’est
pourquoi avant de s’engager, il fallait s’abstenir de l’acte sexuel, consulter les oracles au départ et parfois
supplier les maitres de la brousse (car c’est leur domaine) de bien vouloir donner aux visiteurs leur
propriété. Car les fantômes sont propriétaires d’animaux sauvages comme les vivants le sont d’animaux
domestiques. Le jour de la chasse était fixé pour le nkùl/nkuu qui faisait parvenir la nouvelle aux parents,
amis et alliés. Chacun venait avec qui son filet et sa lance, qui d’autre son arbalète ou sa cloche. Une
fois le périmètre de chasse défini, très tôt le matin les chasseurs disposent leur filet dans l’ordre d’arrivée.
Puis l’homme puissant du groupe purifie les filets. La battue consiste à pousser des cris pour débusquer
le gibier ; parfois on fit de grands bruits en tenant compte cependant de ne pas irriter les fantômes qui
pourraient alors refuser de céder son gibier. C’est ainsi par exemple qu’il ne fallait pas appeler les
chasseurs par leur nom mais par des pseudonymes car les fantômes pourraient reconnaître un tel qui les
a irrités.
En fait pour le Beti, la chasse était un terrain de frottement entre le vivant et le mort, l’invisible et le
visible. C’est pourquoi la capture d’un grand animal était sujette à l’ésani ; la célébration funéraire,
sachant par ce fait la seconde mort d’un ancêtre. On dansait en son honneur. Les gros animaux étaient
partagés sur place entre chasseurs ; cependant que certaines parties étaient exclusivement reservées à
certaines gens : la tête au neveu utérin, le coccyx (ekôg) aux personnes très dignes, les entrailles aux
grands-pères et aux vieillards (aux vieilles femmes pour le cochon), la poitrine (ongon) au chasseur lui-
même...
En somme, la chasse pour le Beti signifie moment de fraternité, partagé avec les autres chasseurs, de
test de bravoure et de force, de rencontre avec les ancêtres, d’étalage de ses charmes magiques. C’était
l’occasion d’interpréter les messages provenant du monde invisible : la prise d’une femelle pleine est
signe de bénédiction, d’abondance, la capture d’un caméléon ou d’un mille-pattes ; signe de malheur,
l’escargot, signe de mort d’un proche. C’est pourquoi le Beti finit par pactiser avec la brousse en
entretenant des rapports liés étroits avec ses habitants : serpent, léopard.


Autres Tâches De L’homme Beti


En dehors de ces grands types de travaux recensés, l’homme Beti avait encore comme tâche, la pêche à
la ligne et à la nasse, la cueillette du miel, du vin de palme et de raphia, le déboisement et l’abattage de
grands arbres pour les champs. C’est d’ailleurs eux qui possèdent les remèdes de fertilité, c’est l’homme
qui fait la clôture autour des champs, plantent les bananiers derrières les cases. L’homme fournit abri et
nourriture de base. Il protège, garde et fait prospérer ses gens.

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