La Cuisine
Elle est pour la femme Beti-Fang ce que le vin de palme ou de raphia est pour l’homme : une exclusivité.
Et si les Beti mangent presque de tout, les interdits alimentaires étant le fait de certaines catégories de
personnes, deux éléments principaux constituent cependant un repas beti : des aliments de bases ; au
goût neutre (tubercules, féculents), et un mets d’assaisonnement ayant une valeur gastronomique.
L’aliment de base peut être constitué par la banane-plantain (sous plusieurs formes), le manioc, le
macabo, l’igname. Quant au mets d’assaisonnement (nnâm) au gout marqué, il peut être constitué soit
de feuilles et de légumes, soit de champignons, de viande, de poisson, soit de semelles d’arachides, de
courges ou de manioc. Les semoules d’arachides et de courges (nnâm owono/owondo, nnâm ngon) sont
des mets toujours présents lors des fêtes ou de toute autre cérémonie, truffés de viande ou de poisson.
Les simples légumes verts parmi lesquels le kpém ou purée de feuilles de manioc sont moins considérés
et constituent un signe de pauvreté et l’apanage des périodes de famine et de disette. Les grillades (maïs
ou arachides) constituent une nourriture prise à la va-vite (sous forme de friandise « amuse-gueule »)
aux heures de repos, ou lorsqu’on est pressé.
Dotée d’un sens gastronomique élaboré, la femme beti
maitrise les combinaisons de condiments pour faire de sa
cuisine, une véritable réussite. Ainsi parmi les
condiments et les herbes aromatiques : l’osim, le meseb
(ou menthe gabonaise) ; deux d’origine végétale, difficile
à fabriquer. Il est obtenu à partir des cendres de l’aracée
de mamrais (engôngôan ou kabad), ou des feuilles de
raphia et de palmiers à huile. Ces cendres, bouillies puis
humectées donnait les cristaux de sel au goût faible. Le
sel ainsi obtenu était utilisé pour assaisonner le poisson
ou la viande ; les légumes se mangeaint fades. La viande
est soit préparée en sauce, soit à l’étouffée, coupée en
petits morceaux et bouillie avec la peau pour le petit gibier. La peau des grands animaux était utile pour
la fabrication des hamacs, des boucliers, gibecières, pour servir de trophée pour ce qui est des panthères.
Le repas est servi aux hommes à l’abaa, qui le partagent avec les enfants lorsqu’il ne fait l’objet d’aucun
interdit. Les hommes raffolent des graisses qu’ils rapprochaient du liquide séminal, susceptible de
former le sperme. Cela explique en partie pourquoi les graisses végétales sont très prisées. En effet, la
femme beti utiisait pour sa cuisine l’huile de palme et d’adzab.
Pour manger, l’on se sert des cuillères de bois sculptées et
décorées. Et lorsque les hommes mangent/prennent leur repas,
ils le font en silence, ce qui traduit le sérieux de la question. Si
un étranger arrive et trouve ses hôtes en train de prendre leur
repas, il entre sans rien dire dans l’abaa et plonge sa cuillère avec
les autres, sans saluer personne ni se présenter avant de s’être
rassasié. (On note ici que chacun voyage avec sa cuillère dans
sa gibecière). NB : l‘homme prépare le ndômba (étouffé)
lorsqu’il est en brousse pour la chasse ou quelque autre activité.
De façon générale, les femmes préparent au retour des activités
extérieures au village, où elles se rendaient en journée : quête de
l’eau, collectes diverses, soin des plantations, quête de l’argile
pour la poterie, lessive et vaisselle à la rivière....
Le Tabac Et La Boisson
Le tabac était très prisé des Beti, et très de peu personnes s’en abstenaient. Le tabac était cultivé au
champ, derrière les cases et devant le corps de garde (abaa), séché au-dessus du feu, sans fermentation.
Il était consommé sous plusieurs formes : prise, pipe, toutes les femmes ne fumaient pas, et seules les
vieilles grands-mères pratiquaient la pipe ; au contraire des hommes, qui sauf interdit personnel ou