La Mort chez Le Fang-Beti-Bulu
Vérité existentielle, la mort se
présente sous plusieurs angles
pour le Beti. Nous avons tantôt
dit que le Beti vit au confluent du
monde invisible avec le monde
visible. A la chasse, à la pêche,
dans tout ce qu’il fait, le Beti-
Fang vit avec ses ancêtres,
détient leur crâne, leur tibia, les
exhortent dans tout ce qu’il fait.
La mort est ainsi pour le Beti, une
défaite de l’homme malgré ses
défenses, qui traduit la victoire de
la sorcellerie (évu), en même
temps, la mort est acceptée, elle
est le passage obligé pour
l’homme, passage à un autre
monde semblable. L’initiation
faisait de la mort la condition
d’une vie meilleure. C’est ce qui
ressort lorsqu’on suit le Beti dire
d’un disparu qu’il est « parti
rejoindre ses ancêtres ». Et l’on
entend un vieillard lors d’une
palabre demander à l’auditoire : « Qu’irai-je dire à mes ancêtres? » Et pour certains...
Pour certains patriarches, des signes annonciateurs existaient. Dans cette rubrique, nous allons examiner
la mort d’un chef, d’initié au So, d’un notable, lorsqu’on sait que la mort d’une femme, d’un enfant ou
d’un esclave était plus simple.
Du Décès D’un Patriarche Ou D’un Notable
Un patriarche ou un notable agonisant est entouré des
vieillards, ses femmes, les esclaves et souvent ses
enfants sont ligotés et enfermés dans une chambre. Une
fois son dernier souffle lâché, ses sœurs, ses filles, ses
parents, tous poussent de grandes lamentations de part
et d’autre. On publie sa mort aux amis, parents et
proches qui sont au loin, au moyen du « tam-tam de la
mort » : Nkùl/Nku’u awù, qui dit son ndân ou éndan
suivi de l’invitation. Les veuves toutes en pleurs.
Les parentes du défunt vont soit chanter une berceuse
qui va définitivement endormir le défunt, soit discourir
tout en pleurant, sur les noms, les gloires, les hauts faits du défunt, déplorant ainsi sa perte.
Ce sont elles qui vont également monter la garde sur le corps pour empêcher que des esprits mal
intentionnés ne parviennent à soustraire quelque élément à des fins de sorcellerie. Lavé par des vieilles
femmes, le corps, oint de poudre de padouk (baa) et d’huile, paré de ses atours (parfois aussi de ses
trophées) est adossé dans son siège sur le lit. Il préside par ce fait la séance. Les esclaves, les clients ou
parfois ses fils sont chargés de creuser la tombe, ils le font nus afin de ne retenir aucune souillure. Le
cadavre, exposé au dehors ne peut être réintroduit dans une case. Car le voyage est irréversible.