La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

laquelle pour les Beti, la brousse est le vrai séjour des morts qui se transforment en oiseaux, en grands
animaux, ou dont les esprits habitent les arbres.


En un mot l’inhumation terminée, place était donnée au festin mortuaire : ndam awù.


Le Festin Mortuaire

C’est le festin qui est offert aux invités le jour de l’enterrement. Car chez le Beti, il faut offrir à manger
aux gens lorsqu’on les convoque chez soi. Cependant, les veuves étant enfermées ou même tuées, et les
filles fort occupées à pleurer, les neveux tuaient tout ce qui leur tombait sous la main et donnaient à
préparer à leurs femmes. N’oublions pas que chez le Beti, le neveu utérin dispose de tous les droits chez
son oncle. Cela le devenait encore plus lors du deuil. Ils font donc main basse sur le cheptel et les
provisions, offrent cette nourriture à tout le monde le soir, pendant les dernières phases de l’esâna : c’est
le ndam awù. Pour limiter la déprédation de leurs cousins, les fils/héritiers avec l’aide des frères du père
défunt calment l’ardeur de ceux-ci en fixant le jour des assises familiales. Il n’y aura plus qu’à attendre
le lendemain pour qu’aient lieu les cérémonies du veuvage. (akùs).
Nous avons déjà insisté sur le fait que de telles cérémonies n’avaient lieu que pour un grand initié, un
mfan mod, un nkukuma. Qu’en était-il donc pour l’enterrement ou le deuil d’un « zeze môt » ; homme
de rien, pour une femme, un enfant, un lépreux?


Pour le deuil d’un homme pauvre, c’est-à-dire qui n’a eu à épouser qu’une seule femme, les cérémonies
avaient lieu en un seul jour. Sa famille réunie, on l’enterrait nu, couché sur le dos ; l’on tuait ce qu’il
avait de cheptel, l’offrait aux invités. Le porte-parole de la famille rendait compte de la cause de la mort,
et après quelques concertations, l’on se séparait. C’est le lendemain que les mingongon (belles sœurs)
venaient officier les épreuves du veuvage à la veuve.


La Mort Des Hommes Simples (Zeze Bôt)


Pour la mort d’un esclave, ou d’un client (ntobo), les cérémonies étaient similaires à celles d’un homme
pauvre ou de « rien ». Cependant, si la cause de sa mort était imputée à une quelconque personne, celle-
ci devait payer le dommage causé au maître du défunt.


La Mort D’une Femme


Lorsqu’elle est déjà adulte et mariée, sa mort est publiée sur le Nkul, tout comme pour un homme
important. Les hommes, tout en devisant sur la cause de la mort se tiennent à l’écart, laissant les autres
femmes parer son corps et tresser sa chevelure.
Si la femme avant de mourir a désigné son meurtrier, celui-ci devra fournir une autre femme au mari
veuf, ou un esclave. Avant de passer bien-sûr aux ordalies. Sinon, on procède par une autopsie réalisée
par un esclave pour découvrir un évù (sorcellerie) qui serait sans aucun doute la cause de la mort. Cela
fait, la famille de la femme devra dédommager le mari. Car c’est elle qui a donné l’évù à la femme. Puis
avait lieu la cérémonie d’inhumation ; les femmes envoyaient certaines d’entre elles aux différents coins
du village, elles appelaient la morte que l’on entendait répondre du fond de la forêt. Cela signifiait
qu’elle était parvenue à son but, et on la mettait dès lors en terre. Les épreuves du veuvage, beaucoup
plus souples pour les hommes, avaient lieu le lendemain.


Pour La Mort D’un Enfant Dans L’adolescence


Fille ou garçon, il n’y a pas de cérémonie grandiose. La cause de la mort proclamée, l’on se lamente,
danse et tire des salves à coups de fusil. Après la mise en terre, le festin est offert par la famille, la mère
porte le deuil, aussi longtemps qu’elle voudra. Pour un bébé ou un nouveau-né, le corps est enlevé à sa
mère, puis avant l’enterrement, des épreuves sont imposées à la mère avec le corps de son enfant. Par
exemple, le porter au dos, à la hanche, le coucher devant le pas de la porte..., à la fin, il est mis en terre

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