La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

par les vieilles femmes, nu, couché sur des feuilles de bananier ou d’arbres appropriés. Dans certains
groupes beti-fang cependant, c’est aux hommes que revient d’enterrer un enfant. La tombe est le plus
souvent creusée tout près de la case maternelle, tout cela pour que la mère ait encore des enfants. Sinon
il n’en sera plus jamais rien. Et de nos jours encore, chez les Ntumu au Sud Cameroun et même chez
ceux qui se trouvent au Gabon et en Guinée Equatoriale, cette pratique est encore vivace, très respectée,
et ceux qui ne la respectent pas se retrouvent jusqu’à leur vieillesse sans enfant.
Le dernier cas recensé est celui de la mort d’un homme lépreux, ou atteint d’une maladie grave dont la
contagion est avérée. La fosse creusée par les esclaves, est toute tapissée d’épines. On utilise pour cela
l’arbuste épineux asâs ou okaâs (dicrostachys glomerata, Mimosacées). C’est sur ces épines qu’on
dépose le corps et l’on recouvre la fosse. Si cela n’est pas fait, la lèpre s’étendrait à tout le village. Dans
d’autres localités, le lépreux est enterré loin du village, dans la brousse, où il était d’ailleurs laissé en
quarantaine de son vivant. En d’autres cas, après la mort d’un lépreux abandonné en brousse où on lui
apportait la nourriture et le feu, il arrivait parfois qu’on casse sa cabane sur le corps et qu’on y mette le
feu. Comme pour réduire cette malédiction en cendres.


Quelques Rites Beti


Nous avons dit que l’homme Beti vit avec ses ancêtres, en même temps qu’avec son entourage, les
vivants. C’est pourquoi le visible et l’invisible se côtoient et la limite entre les deux est trop mince. Pour
son épanouissement donc, le Beti va pratiquer certains rituels qui visent à le protéger de l’agressivité
des autres, de la sorcellerie, mais aussi de rendre riche et puissant : c’est le cas des rituels Melân et Ngi.


Le Melân


C’est un rite d’origine Mekuk, peuple vivant dans les environs de
Lolodorf. C’est le culte aux ancêtres par excellence. L’initiation,
facultative, devait conférer au bénéficiaire un talisman : « abûb
melân » qui était supposé assurer la sauvegarde et la bénédiction des
proches défunts ; faits qui se traduisaient par l’enrichissement de
l’initié. L’initiation au melân présentait trois articulations : la
manipulation des restes des défunts, la drogue et la figuration sur le
bois des défunts en question. Et au contraire des rites comme le
tso/so, le melân n’excluait personne ; femmes et enfants pouvaient
suivre l’initiation cependant que celle des hommes « murs » était
plus complexe et renforcée.


Pour les femmes et les enfants, l’initiation se bornait à la
présentation des mannequins des ancêtres peints en rouge et/ou en
blanc. Notons ici que le rouge est la couleur qui symbolise la vie
tandis que le blanc représente la mort. Ainsi donc, pour les femmes
et les enfants, l’initiateur et ses prêtres les laissaient dans la case du melân (esam melân) ; ou atelier,
sanctuaire d’initiation, situé dans la brousse derrière le village. Ils leur faisaient entrevoir ces
marionnettes à travers la fenêtre ou sur le toit du sanctuaire. C’était la représentation d’un inceste (nous
le verrons plus amplement avec les hommes) que symbolisait le caractère sacré de l’adultère.
Il faut dire qu’en fait l’initiation des femmes et des enfants à ce rite n’était que la partie visible de
l’iceberg de ce que connaissaient les hommes et les adolescents, c’était une sorte de préliminaires au
vrai rite. N’oublions jamais que les femmes et les enfants étaient des êtres inférieurs dans la société. En
outre, tout comme le rite tsô/sô, le melân nécessitait pour un profane beaucoup de biens à donner au
grand initiateur qui avait construit son esam melân (sanctuaire d’initiation).


Pour être grand initiateur, il ne suffisait pour autant pas de construire un esam melân. Le grand initiateur
devait avec l’aide des autres initiés, se procurer au moins trois crânes de ses proches parents, dont celui

Free download pdf