La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

l’initiation et à la mort d’un grand initié. Les hommes découpèrent la viande et la graisse de l’animal
qu’ils gardèrent dans leurs sacs, et ils les réservèrent aux seuls chasseurs qui comme l’animal tué avaient
parcouru la brousse.
C’est le début des interdits. Pour permettre aux femmes et autres non-initiés de manger de la viande qui
sera désormais tuée à la chasse, de façon générale, un rite fut fait. D’autres interdits s’étant multipliés et
ajoutés aux premiers, les infractions ne tardèrent pas à survenir. Alors pour conjurer le malheur qui
accablait le lignage et tout le groupe social du fautif, les vieillards allaient organiser périodiquement le
Sô, durant lequel les infractions étaient publiquement avouées, et expiées sur l’animal sacrifié en lieu et
place du coupable. Parallèlement, les jeunes étaient soumis à l’épreuve de passage au groupe des
hommes accomplis. C’est la naissance de ce rituel que nous allons étudier.


Le rituel du Sô était le principal rituel des Beti. C’est lui qui organisait la société et donnait aux hommes
le pouvoir de prédominance sur les femmes. C’était l’occasion pour les jeunes garçons de devenir un
homme complet, c’était le centre de la vie religieuse et sociale des Beti. Le rituel stratifiait la société :
au bas de l’échelle se trouve le non-initié ou profane, appelé « ébin », au même pied d’égalité avec les
femmes, donc appelé à observer tous les interdits alimentaires imposés aux femmes, jamais consulté à
l’audience sociale. Au milieu on retrouvait le candidat à l’initiation, le mvôn, futur homme plein. Et au
sommet de l’échelle l’on retrouve l’initié, l’homme accompli, qui consomme les viandes interdites aux
femmes et aux non-initiés, prend part et est consulté lors des palabres.
Rituel d’expiation et d’initiation, le Sô est un phénomène social net, et dont l’analyse ressort de multiples
significations.


Deuxième Partie : L’occasion Du Rite

Le rituel du Sô n’avait pas un calendrier préétabli qu’il
fallait respecter à tout prix. Il intervenait lorsqu’un
membre avait commis une faute : nsem, qu’il fallait expier
lors des cérémonies. Il s’agit ici d’un bris d’interdit :
interdit majeur concernant la société (exemple exogamie,
exopolémie, pratique de sorcellerie) ou alors d’un interdit
en liaison directe avec le Sô lui-même (exemple : trahir les
secrets du rituel, commettre l’adultère avec la femme d’un
compagnon d’initiation appelé avus). Lorsqu’un homme
était donc convaincu d’avoir commis une faute grave, ou
alors un membre de sa famille, pour conjurer les malheurs
qui pouvaient s’abattre sur cette famille –dont les
maladies, les deuils– il allait trouver le Zomloa, officient
principal, qui fixe la date du rite. Il sera désormais
question pour le fautif d’organiser avec sa famille tout le
nécessaire pour la réussite de l’événement. C’est lui
également qui doit fournir parmi ses fils non-initiés ou
ceux de ses frères, un asuzoa/asuzog/asuzo’o, tête de file
du groupe candidat à l’initiation mais également chargé
d’avouer le nsem commis par son parent. Une fois le nsem reconnu, et pendant que le fautif cherche
avec les siens de réunir les biens nécessaires, le Zomoloa suspend les effets de la faute sur la famille
incriminée ; et ce durant tout le temps des préparatifs. Durant ce temps également, tous les jeunes
garçons du village en âge d’être initiés (12-14 ans parfois plus) sont recensés. Il faut préciser ici que
l’organisation du so étant trop chère, les hommes moins nantis qui n’en pouvaient organiser profitaient
de chaque occasion pour faire initier leurs garçons. C’est pourquoi chaque passage avait toujours des
dizaines de candidats. Et pouvaient y prendre part également les jeunes des villages environnants.
Pendant cette période de préparatifs, le fautif faisait donc un premier aveu au président du rituel
(zomoloa). Alors pouvait avoir lieu la première phase. Enfin à propos du zomoloa, il est toujours
étranger aux lignages en cause.

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