La Présentation Des Mvôn
C’est à cette occasion que le tri des candidats aptes à subir les épreuves du Sô a lieu. Ceux qui sont jugés
encore trop jeunes, sont écartés. Le célébrant principal assisté des autres initiés se charge d’attribuer des
numéros aux candidats en commençant par l’asuzog, sans aucun doute le plus fort, de ce fait meneur
d’hommes dans les guerres auxquelles ils prendront part. Chaque initié se voit aussi confié un candidat
dont il sera le parrain ; il est son ésaa sô/ésia sô (père du Sô), chargé de le guider, de le tourmenter et de
le torturer lors des épreuves. Le Mvôn devra l’appeler « père » et ne pourra jamais épouser sa fille.
Pendant que les candidats étaient enduits de baa (poudre de padouk) sur tout le corps, par leurs propres
mères, les parrains également s’en couvraient le corps. En fait, il s’agit pour les candidats comme pour
les parrains de se faire beau autant que possible. Les parrains sortent de l’abaa du mkpwô so/mkpe so
(le fautif), appuyés sur leurs cannes en procession. Le fautif, dos à dos avec le célébrant fait un nouvel
aveu, public, en piétinant une calebasse dont les morceaux symbolisant les « minsem » seront jetés au
loin par l’officiant. Pendant ce temps, sur un grand feu allumé dans la cour, on faisait les viandes
interdites que les initiés se partageaient, après quoi les mvôn sortaient de derrière les cases, passaient
par l’entrée de l’abaa pour une séance d’exhibition devant l’assistance. Elle se faisait au pas de danse,
les initiateurs couverts d’obom (pagne d’écorce). Après plusieurs tours de la cour, sous les ovations de
femmes et les salves des hommes, les candidats rentrent par où ils sont venus, ainsi que l’assistance. En
somme, avant la phase de la corne du Sô, il y a une petite période de trêve.
La Trêve
Elle ne dure pas bien longtemps ; une à deux lunaisons. Pendant cette période, les candidats sont soumis
à des ordalies, qui permettaient de désigner ceux des candidats qui iraient en brousse et ceux qui
resteraient au village. Les jeunes déjà initiés profitent de cette période pour taquiner et provoquer les
candidats qui n’ont pas droit à se fâcher. Ils remplissent des besognes ennuyeuses pour les autres jeunes
et doivent parfois les payer pour ne pas ennuyer leurs parents. Pendant la même période, entre parents
et voisins, l’on pouvait se faire des reproches, s’attaquer, critiquer l’autre dans son intégrité tant physique
que morale. Car nous l’avons déjà dit, la période du sô est une période de purification, d’expiation.
Après le temps fixé, l’on pouvait désormais amorcer la phase du « nlag sô ».
Nlag Sô (Corne Du Sô)
C’est la première véritable cérémonie marquant le rite du sô. C’est une
étape qui requiert beaucoup de moyens magiques. Elle consiste à
choisir un arbre (le plus souvent l’elelom (mytragine) que l’on va
abattre et au pied duquel des cérémonies seront organisées. En effet,
une fois l’arbre désigné, l’officiant accompagné des autres initiés se
rendent auprès de l’arbre qui a été nettoyé tout autour. Le plus souvent,
il s’agit de neuf personnes parmi lesquelles l’officiant principal, le
fautif et les porteurs du sac de sô. Arrivés au pied de l’arbre, ils plantent
une corne de So (nlag sô) dont l’intérieur est rempli de mebiañ
(fétiches, médicaments). Un bouc est égorgé au pied de l’arbre, son
sang aspergé sur l’arbre sous lequel le fautif, mkpwe sô, l’organisateur
vient encore se confesser. L’arbre s’appelle désormais « Ndzôm sô »,
et à ses côtés on place une marmite médicinale (étog) qui contient
différents éléments : écorces d’arbres : élolom, dum (fromager) qui
donne la gloire au pays ; akom (le fraké) qui donne la durée, la
longévité, éwomé/ewume (coulacée) donne la vigueur, la force, aseղ
(parasolier) qui diminue la maladie. Puis s’ajoutent des herbes dont les
initiés seuls détiennent le secret, les excréments des officiants, séchés
auparavant ; ainsi que le sang de l’animal isolé. Une autre marmite contenant les mêmes éléments était