La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

Après cela l’on prend une grande marmite appelée « Minkeñe » ou une grande casserole que l’on place
à côté du feu. Dans cette marmite on met des écorces et des herbes aux vertus reconnues :
L’oveñ qui permet de blinder la mère et l’enfant contre les mauvais esprits et même de la sorcellerie,
L’ézañ qui arrange les mamelles et permet également à la mère et à son bébé de prendre du poids
Le dum ou baobab qui permet à l’enfant d’être populaire, à cet effet, quand on frappe cette eau, la maman
happe l’eau des deux côtés, ou verse dans la bouche du bébé.
A cela on ajoute :
L’éjilik qui empêche que le bébé attrape la gale
Le zela’ane lutte contre les mauvaises choses qui pourraient arriver dans la maison.
Précisons ici que les boutons et la gale sont les deux maladies qui menacent le plus la mère et son bébé
lorsque leur sanctuaire a été violé par une personne mal intentionnée.
C’est pour cela que dans le temps, quand le jae battait son plein, si une femme est en train de subir le
jae et qu’elle a une bébé-fille, s’il arrive qu’une femme entre dans la maison avec une houe, on lui
demande de rentrer et d’aller laisser sa houe à l’extérieur. Car, si elle entre dans la maison avec sa houe
là où une femme vient d’accoucher (e yabane jae), elle vient donner l’aka’ae au bébé. Si c’est un homme
qui entre dans la maison tenant la lance et la machette, on lui demande d’aller déposer ses outils dehors.
S’il entre avec dans la maison, il vient donner au bébé-garçon l’aka’ae. C’est pour toutes ces raisons
qu’on a toujours dit que la marmite de jae « vi’e jae » est sacrée ainsi que le lit du jae « énoñ jae »et
même la maison du jae « nda ba yabane jae ». Une femme qui vient d’accoucher est donc une personne
sacrée, avec son enfant, et ils ne sont pas abordés à la légère.


Ainsi, la femme qui vient d’accoucher ne salue pas n’importe comment, à la rigueur ne salue même pas.
On lui dit juste bonjour. Elle a sa cuillère, son verre, ses assiettes, son seau est à un endroit précis. Les
gens ne s’assoient pas sur son lit. Elle ne sort pas avec le bébé jusqu’à un certain temps établi par sa
mère ou sa grand-mère.


De nos jours, les gens d’aujourd’hui disent « Ah! Ah! Il n’y a plus rien, tout est fini ». Tout n’est pas
fini, nous devons garder les coutumes de nos parents. Par cette négligence, on a de mauvaises choses en
ce moment. Alors qu’avant un enfant pouvait être sevré sans avoir eu des problèmes de fontanelle, sans
tomber malade, il pouvait juste avoir de petits boutons ou même des vers car il trotte par terre. En ce
moment, il se passe souvent que les enfants convulsent et des tas d’autres choses parce qu’on ne garde
pas les coutumes des ancêtres. Ils disent seulement « qu’y a-t-il encore ». L’enfant naît, on ne lui met
pas les cordes.
Notre coutume veut que, quand l’enfant naît, on prend le « Ngone fé », le raphia qui pousse dans la
brousse, on tisse tout ceci et l’on attache cela sur la taille du bébé, aux pieds et aux poignets. C’était
pour le blinder contre le paludisme et pour qu’il ne convulse pas jusqu’à ce que ces cordes tombent
seules.
Quand une femme a accouché « yabane jae », son père ou son frère va en brousse râper le « Baa » (c’est
un arbre qui mousse quand on le râpe et laisse couler un liquide rougeâtre comme du sang, très utile
pour la femme qui vient d’accoucher et la poudre recueillie après râpage peut être utilisée pour les cas
d’anémie), puis les écorces de l’arbre appelé « Esi ». Cet arbre a une couleur rouge et se trouve
habituellement au milieu ou mieux encore au cœur de la forêt. On râpe donc cette écorce en prenant soin
de recueillir goutte après goutte tout en continuant à gratter. Puis on écrase l’autre écorce qui laisse sortir
un liquide et après avoir recueilli tout ceci, on le mélange dans un gobelet bien propre en y ajoutant de
l’huile de palme. Ainsi, pendant qu’on frappe de l’eau chaude à la nouvelle maman, elle s’enduit du Baa
en alternant avec l’huile rouge. Quand on constate que l’eau destinée à son lavage/massage est finie et
pendant qu’elle attend que l’eau soit à nouveau bien chaude, elle s’enduit de produits pour éviter à sa
peau d’être sèche. Tout ceci permettait à la femme d’être très belle et lui donnait une peau radieuse. On
pouvait remplir l’eau plusieurs fois quand l’eau de la marmite finissait.


Pour taper de l’eau, l’on se sert d’un petit balai confectionné pour la circonstance. A cet effet, on tape
l’eau directement sur elle ou alors elle retient cette eau avec ses mains, elle masse son ventre. C’était

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