La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

« Que tout soit complètement enlevé! [...] Tout est vraiment effacé »!


Ces paroles sont tel un souhait, un ordre, une recommandation. Le père par son pouvoir géniteur est
capable de commander à la malchance, aux turpitudes qui entravent l’action de son enfant. Celui-ci se
retrouve prisonnier, malade, immobilisé dans ses entreprises. C’est pourquoi celui qui lui a donné la vie
ordonne à ces liens de libérer l’enfant, même s’il est écarté du chemin, son géniteur se charge encore de
son retour au bercail.


Cependant, ces dernières paroles sont encore et surtout un constat de satisfaction, de réussite, de victoire
; victoire sur les turpitudes, la malchance. C’est l’expression même de la certitude ; tout ce qui a été dit,
« quelle qu’ait été la gravité du mal », s’est réalisé. Le fautif, revenu des abimes, des tourments, des
échecs, réapparait à la vie, il s’ouvre devant lui une nouvelle vie, d’espérance. « Tout s’en est allé en
aval de la rivière », et le temps d’une nouvelle existence est venue, celui de la régénération, de la réussite,
de l’harmonie avec les ancêtres, la purification est là pour faciliter le cheminement vers les ancêtres.


La bénédiction

Plus que tout autre rite est l’expression même du pouvoir religieux du géniteur sur la progéniture. Par la
magie du verbe, de la parole, le mal est réduit à néant, le fautif est redressé, transformé ; et le père pose
l’ancêtre qui fonde le culte, l’espérance d’une vie future meilleure.


Conclusion des Rituels

La liste des rituels, bien longue encore fait ressortir une réalité de la conception de l’éthique chez les
anciens Beti. Dans tous les rites que nous avons recensés, il est toujours mentionné sinon demandé la
confession du coupable.
Les Beti ont considéré qu’aucune guérison, aucune purification n’était valable si le dedans c’est-à-dire
l’esprit, l’âme était sous le poids ou l’emprise du mal.
L’harmonie de la société reposant sur le respect pour chacun des règles établies, tout mauvais acte affecte
tout le groupe social. Il s’agit donc pour le fautif de demander pardon à la communauté, de regretter la
peine, le tort ainsi imposé au groupe social.
Cette considération entre en droite ligne avec l’enseignement chrétien, qui enseigne la repentance, qui
recommande le bien en rejetant le mal, le péché (nsem) cause du déséquilibre social. Sous un autre
aspect, un homme ou une femme qui confessait ses mauvais actes était lavé, purifié par un officiant, ou
toute la communauté.
On serait tenté de dire ici que le Beti avait déjà la chrétienté en latence en lui ; car Dieu n’enseigne-t-il
pas ou alors les anges et les saints n’exultent-ils pas lorsqu’une « brebis » égarée rejoint le « troupeau »
de son père? De tels comportements se doivent bien aujourd’hui d’être réexaminés par la jeune fleur du
groupe de nobles, de seigneurs, qui brille aujourd’hui par l’alcool, la désobéissance envers les parents,
l’insolence, le non-respect des aînés.
En un mot, il faut que l’homme Beti se ressaisisse de ces valeurs qui ont fait de nos arrière-grands-
parents des hommes intègres, respectés et respectueux. Vivement que tous les Beti se réveillent et
relèvent leur culture, leur civilisation des cendres de l’oubli. N’oublions pas qu’un peuple sans culture
est semblable à une lampe sans pétrole.


La Sorcellerie


Dans la vie quotidienne des anciens Fang-Beti, et même jusqu’à ces jours du XXIe siècle, tout malheur,
tout échec, toute maladie, en un mot toute est était une manifestation des forces maléfiques que l’on
désigne par mgbwel/mgbee : la sorcellerie.
La sorcellerie se manifeste par les effets malveillants d’une entité appelée évu. C’est une force maléfique
dont chacun peut être doté. En même temps l’évu renvoie à un être identifiable cependant que son origine

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