La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

l’effet des médicaments qui y sont proposés. En outre, en cas de morsure de serpent, il est souvent
impossible de faire une injection de sérum antivenimeux à un patient qui a consommé de l’arbre esŏg.
L’association des deux produits serait nocive pour l’organisme humain.
De part ces qualités prouvées, les Beti-Bulu-Fang ont contourné le risque d’empoisonnement du vin de
palme (autrefois activité très courante), en adoptant directement l’esŏg pour la cueillette du vin de palme
et de raphia. En effet, dans plusieurs régions Beti du Cameroun, l’esŏg est devenu l’écorce par excellence
pour relever la teneur éthylique du vin. Ce qui réussit très bien ; car autant la teneur en alcool est assez
relevée en fonction de la quantité d’écorce introduite dans le vin, autant il s’avère difficile
d’empoisonner un vin contenant l’esŏg. Il est d’ailleurs souvent conseillé de consommer le fruit de
l’arbre pour débarrasser le ventre des impuretés éventuelles.


L’écorce De L’arbre « Azaa »

Autre écorce utilisée pour les mêmes fins, l’écorce de l’arbre « azaa », qui a une saveur assez épicée,
qui doit être soit mâchée directement et avalée, soit bouillie et cette eau recueillie et conservée propre,
puis bue après absorption de poison. Les deux éléments (écorce et eau) peuvent être consommés même
si la personne n’a pas absorbé de poison ; ceci pour évacuer le ventre et le débarrasser d’impuretés.


L’herbe Oyañ

Autre produit à consommer en cas d’absorption de poison, l’herbe oyañ, qu’il faut mâcher et avaler
immédiatement.


L’herbe « Ayañ Nsu »

Il y a également l’herbe « ayañ nsu », maîtrisée par les dépositaires des secrets de la médecine
traditionnelle. C’est une herbe également très efficace mais seulement elle n’est pas connue de tous, et
par conséquent nécessite l’intervention d’un connaisseur de la science traditionnelle de la médecine. Un
autre produit, l’huile de palme est souvent utilisée pour atténuer les effets nocifs de certains produits,
cependant qu’elle n’est pas et ne peut être utilisée comme antidote. Son action est donc moindre.


Quoi qu’il en soit, nous avons essayé de présenter certains produits souvent utilisés pour empoisonner,
mais surtout nous avons présenté quelques antidotes plus efficaces les uns que les autres. Seulement
étant donné notre mise en garde sur cet article délicat, nous réaffirmons l’innocence de nos intentions,
exhortons les Beti-Bulu-Fang aujourd’hui à abandonner ces pratiques qui ne participent en rien à
l’accomplissement de l’homme, mais le réduisent plutôt à sa dimension la plus bestiale.


Et au moment où nous bouclons cette partie, nous signalons que la recherche et les consultations
continuent pour élargir au mieux la liste des différents produits qui interviennent pour l’un ou l’autre
des cas.


Il est également aussi nécessaire de préciser que la plupart des cas d’empoisonnement que l’on relève
aujourd’hui est cause des produits chimiques issus des progrès considérables que la science a connus
depuis un temps. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur l’efficacité des différents antidotes que
nous avons présentés et qui le seront encore certainement. Car ces antidotes ont été obtenus à partir des
cas pratiques d’empoisonnement traités. En tout état de cause, tant que leur inefficacité ne sera pas
prouvée, ils continueront à être la solution traditionnelle des Beti face au problème de
l’empoisonnement.

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