La Culture Fang Beti Bulu

(Richellius) #1

LES ELEMENTS DE LA CULTURE FANG-BETI-BULU


Des Jeux et Loisirs


Bien que de nombreux récits et observations faits par des auteurs qui ont visité le pays fang-beti dès la
période coloniale nous présentent ce peuple comme s’adonnant aux activités de production, (travail de
la terre, chasse, pêche, guerre, rituels initiatiques...), il n’en demeure pas moins que les Beti-Fang
avaient également des moments de loisirs, de divertissement, de réjouissances.
Ainsi, dans la société beti-fang, l’on dénombre plusieurs types de jeux, et de danses qui témoignent
encore plus la richesse culturelle de ce peuple.
Pour ce qui est des jeux, l’on en identifie plusieurs ; ainsi nous pouvons citer entre autres :


La Lutte : (Mesiñ)


Jeu pacifique (contrairement à ce qu’on croirait), la lutte est un jeu de compétition entre villages et clans
voisins. Elle était pratiquée par des jeunes gens dotés d’une grande force physique. Cependant que la
pratique du jeu nécessitait aussi l’assistance des forces et puissances magiques.
La lutte était pratiquée à l’occasion des réjouissances et de retrouvailles entre peuples voisins et les
vainqueurs ou champions, véritables héros de leur groupe, étaient adulés et fêtés avec faste. Chaque
combattant soutenu ou encouragé par les siens au son des tambours, flûtes et chants. Le jeu avait des
règles strictes et établies, dont le but était de prévenir toute dégénération. La passion pour la lutte chez
les Beti est semblable à celle du football dans la société actuelle.


Le Njek/Angěg


Il consistait à une compétition d’adresse au lancé de la sagaie. Le nom du jeu dérive de celui du fruit «
ngěg/njek », produit par l’arbre angěg/anjek. Le jeu mettait aux prises plusieurs candidats dans deux
camps ; le fruit, lancé au sol par le candidat d’un camp, devait être transpercé, dans sa course par un
candidat de l’autre camp. Cette compétition permettait de connaître les meilleurs lanceurs de sagaie dans
un groupe quelconque. Parfois, c’est une flèche tirée par l’arbalète (mban) qui devait atteindre le fruit
en course. Ces deux jeux sont qualifiés par Tolra de « sans implications économiques ».


Le Songo ou Sooñ.


C’est selon Laburthe Tolra, mais également Michel Mizony l’équivalent intellectuel de la lutte. Jeu
stratégique, le Songo se joue entre deux personnes. Le jeu consiste chez les Beti à deux rangées de 7
(sept) cases accolées contenant chacune 5 (cinq) pions au départ, qu’il faut tourner dans le sens des
aiguilles d’une montre. Traditionnellement, les pions utilisés sont les graines de l’arbre « ézezañ » ou «
ézañ », et le tronc de bambou de chine subdivisé en sept cases constitue le tableau sur lequel se déroule
le jeu. Les règles diffèrent d’un lieu à un autre, d’un groupe à un autre.
Le Songo trouve son intérêt chez les anciens Beti dans la défense de son honneur, mais également dans
le plaisir que se font les joueurs et l’assistance ; car à l’occasion, une sorte de « parenté à plaisanterie »
se crée entre les joueurs. C’est ainsi que quelqu’un qui assiste à une partie de Songo serait désarçonné
par les intrigues, les injures et les réflexions déshonorantes, insultantes faites à l’encontre d’un joueur
perdant, mais également à l’encontre de son lignage, de son clan, de son village.


Il est ainsi courant d’entendre un joueur qui gagne au jeu dans un village voisin se demander s’il existe
encore des « hommes » dans ce village, ou encore s’exclamer du fait que ce village ne soit « habité »
que par des hommes sans sagesse, incapables de réfléchir, de raisonner.

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