J'irai manger des khorovadz
Le pompiste dâune allure indolente pointe son doigt vers la porte vitrée
du réfrigérateur à lâextérieur en désignant des bouteilles me faisant
comprendre par des signes que lâeau du robinet nâest pas bonne. Ãtait-ce
la vérité ou simplement lâenvie de gonfler son chiffre dâaffaires en
pensant flairer un touriste fortuné? Je le quitte lâabandonnant avec son
eau embouteillée trop froide de toute façon.
Plus loin je mâarrête à la première petite épicerie encore ouverte dans
le village de Valea Lui Mihai. Je nâai même pas le temps de monter les
marches vers le magasin quâun attroupement se forme autour du vélo.
- Hello I am just looking for water (Bonjour je viens chercher de
lâeau)! - ...
Personne ne répond. - Hello bonjour!
Les clients dialoguent entre eux et me répondent en roumain. Je ne
comprends rien à cette langue latine comparable à aucune autre même
si elle a des similitudes avec lâitalien par ses sonorités. - May I help you? (Puis-je vous aider ?)
Ces mots sont prononcés par une voix posée grave calme et pleine
dâassurance.
Tout à fait surpris nâayant pas vu immédiatement dâoù elle venait je
réplique en français. - Je voulais juste acheter de lâeau et trouver un endroit afin de planter
ma tente.
Je me ravise et je reprends ma demande dans la langue de
Shakespeare.
En parlant je découvre lâadolescent dâune quinzaine dâannées qui a
surgi derrière moi pantalon sombre lunettes de soleil chemise blanche.
On aurait dit quâil arrivait tout droit du mariage que je venais de quitter.
Dans un anglais impeccable avec un accent imperceptible et beaucoup
de prestance il me sert de traducteur. Sa voix contraste avec son âge. Se
crée-t-il un personnage?
à force de signes et de dessins jâessaie dâexpliquer aux autres à quoi
ressemble une tente.