J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

leur garage distant de trois cents mètres de l’appartement. Je reviens
prendre une douche. Elle me propose aussitôt de laver mon linge et me
demande si j’ai d’autres besoins. Je m’assieds dans le salon sur le
canapé tout de rouge revêtu à côté de leur garçon d’environ trois ans et
de l’un de leurs amis. Le mari met en route la télé et je l’observe zapper
sur toutes les chaînes à la recherche d’un programme en français à mon
intention. Il se connecte finalement à TV5 avec les nouvelles
francophones. C’est la première fois depuis le départ que je regarde des
informations télévisées et cela ne m’avait pas manqué loin de là! Drôle
d’impression d’entendre parler français! Le reportage du moment
concerne l’accueil à l’aéroport des athlètes français de retour des Jeux
olympiques de Londres. Je tente de lui expliquer que ces nouvelles ne
m’intéressent pas outre mesure mais il insiste et me convie à regarder. Je
crois qu’il est assez fier de pouvoir me proposer un programme dans ma
langue avec le souci de me mettre à l’aise et de rendre mon séjour le
plus agréable possible. J’apprécie sa sollicitude et j’essaie de me
passionner pour les nageurs et judokas dans le hall de Roissy qui ont
ramené l’or dans leurs bagages. J’avais oublié cette agitation médiatique
mon monde n’est plus le même je me suis enfoncé dans mon aventure.
La délivrance va venir de Laura qui m’invite à manger dans la cuisine.
Elle me laisse seul. Je suppose qu’ils ont déjà pris leur repas car il est
tard maintenant. Elle me propose une belle assiette remplie de légumes
avec un œuf sans dessert car ce n’est pas trop dans les habitudes du
pays. Après ces mets bienvenus je me retrouve de nouveau dans le salon
avec la famille. La nuit est tombée et le petit garçon n’est pas encore
couché. Ils me font part de leurs difficultés à vivre ici en Roumanie.
Avec un salaire moyen de 400 euros il est compliqué de faire face à tous
les besoins même si la vie n’est pas trop chère. Christian a déjà travaillé
en France. Actuellement il a un emploi dans la ville mais leur rêve est de
partir en Espagne à l’instar des trois millions de Roumains qui ont quitté
leur pays ces vingt dernières années en vue de travailler en Europe
principalement en Italie et en Espagne à la recherche d’une existence
plus facile. De ce fait la population du pays diminue générant un réel
problème au niveau des enfants. 350 000 d’entre eux ont été confiés à la