J'irai manger des khorovadz
décision sâest portée sur le soutien de lâécole maternelle du village de
Chirakamout (anciennement Nalbant) une localité rayée de la carte Ã
lâépicentre du terrible séisme de 1988 reconstruite avec les moyens du
bord. Un choix délicat car forcément au détriment dâun autre projet. Les
fonds récoltés seraient destinés à la rénovation des bâtiments et de
lâéquipement de lâécole : isolation sanitaires chauffage etc. Quand on
sait par exemple que les toilettes utilisées par ces enfants de 3 à 5 ans
étaient à lâextérieur dans une cabane en bois et que lâhiver la température
peut descendre à moins 15° C ce ne serait pas un luxe dâen aménager Ã
lâintérieur.
Un mois avant le départ je me suis rendu en urgence chez mon
médecin car une douleur au genou était réapparue. Je nâen menais pas
large. à chaque aventure peu avant lâéchéance un problème physique
de dernière minute se manifestait. Comme si mon corps voulait réagir Ã
lâépreuve qui lâattendait. Une peur inconsciente ou justifiée? Je ne
comptais pas me laisser arrêter par ce genre de déconvenues!
Le 21 juillet 2012 jâai donc « quitté » ma femme mes enfants et
petits-enfants ma maison mon bureau mon poisson rouge ma télé bref
tout ce qui me rattachait à une vie sédentaire pour partir sur deux-roues Ã
la conquête du Caucase. Avec des sentiments contrastés tout de même :
tristesse de quitter la famille mais enthousiasme pour cette expédition.
Jâai traversé douze états dont un pays qui nâexiste pas été dévoré par les
moustiques en Allemagne croisé des vaches dangereuses en Géorgie été
heurté par une voiture en Moldavie bu trop de vodka en Arménie été
attaqué par des chiens en Roumanie et failli être décapité en Hongrie...
Jâaime beaucoup ce proverbe : « Mieux vaut avoir des souvenirs que
des regrets donc voyagez! » Car « un voyage se fait toujours trois fois.
Une première fois en rêve (...) une deuxième le long des routes (...).
Enfin une troisième et interminable fois en souvenir dans la présence