J'irai manger des khorovadz
des fruits des légumes un biscuit du pain... Après ce dîner de gala je
mâeffondre dans la tente à la poursuite dâun sommeil revitalisant.
Partiellement guéri de mon affection jâavance malgré tout car la
forme revient progressivement chaque jour. Tout est possible si on croit
davantage à son rêve quâaux circonstances! Ce jour-là je mâarrête peu
de temps après le petit déjeuner en vue dâune pause « séchage de tente ».
Depuis que les nuits sont devenues plus fraîches câest un rituel
quasiment quotidien en raison de la rosée matinale puisque je me réveille
toujours très tôt. Ce matin je me suis levé à 5 h 30 afin dâarriver Ã
lâheure. Alors que je suis assis sur le rebord du puits du village de
Bahmut un homme âgé traînant le pas me salue. Je lui réponds et il se
rapproche de moi. Je comprends quâil mâinvite à venir chez lui partager
de la nourriture. Câest une nouvelle occasion de rencontre même si la
faim ne me tenaille pas. Il me précède en mâindiquant la direction de sa
maison à deux cents mètres de là . Une fois franchi son grand portail vert
(presque tous les portails de cette rue sont verts) nous montons une côte
assez raide avant dâatteindre son logement qui sâouvre sur une cour
intérieure. Pariogu me fait pénétrer dans sa maisonnette et me propose
une chaise à la table de la cuisine une pièce lumineuse dâune surface
modeste sobrement équipée avec néanmoins tout le nécessaire. Sur la
droite en dehors des deux placards au mur se trouvent lâévier la
gazinière un espace de rangement et son petit réfrigérateur â pas de
modèles dernier cri â et sur la gauche un canapé de taille réduite. En
levant la tête jâaperçois une réminiscence des séjours de mon enfance
dans les fermes : couvert de glue et de cadavres (certains frémissant
encore) un ruban jaunâtre partiellement torsadé descend du plafond.
Plus dâune centaine de mouches attendent leur enterrement. La récolte de
la semaine?
La communication est confuse puisque Pariogu ne parle pas un mot de
français ni dâanglais. Son attitude généreuse compense largement ce
handicap. Il ouvre son réfrigérateur et prend délicatement des Åufs : 1 2
3... 6. Je pense quâil fait du rangement ou du tri : non ils me sont tous
destinés! Il sort la poêle la dépose sur le feu quâil vient dâallumer et