J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

bronzent sur la plage de galets savourent une crème glacée ou font
simplement du shopping dans les nombreux magasins proches de la mer.
Mon vélo ne passe pas inaperçu au milieu de la foule. Il suscite bien des
réactions et on le photographie souvent. Dans un faubourg non loin de là
se trouve le Palais de Livadia où s’est tenue en 1945 la conférence
secrète entre Churchill Staline et Roosevelt en vue de mettre fin à la
guerre et de garantir la stabilité du nouvel ordre mondial après la
victoire. C’est assez étrange de passer à côté de tels lieux emblématiques
et de se dire que la face du monde aurait été différente si les
protagonistes avaient pris d’autres décisions! J’aurais aimé me glisser
dans la peau d’un petit lézard pour assister à ces négociations : ces
hommes détenaient entre leurs mains l’avenir de l’humanité leurs
résolutions pouvaient entraîner le chaos ou la paix.
Ils ont choisi une paix relative tant mieux pour nous.

Je quitte la ville bien décidé à partir à l’assaut de ces collines si
pittoresques mais un tant soit peu décourageantes. Le soir je déniche un
endroit sublime. Après m’être éloigné de la route en poussant mon vélo
je décide d’implanter mon campement sur un petit promontoire difficile
d’accès. Trouver une surface plane destinée à planter la tente constituera
un défi. Je jouis d’une vue à 180° sur la mer je domine l’horizon.
Derrière moi les collines s’habillent tendrement des couleurs d’un soleil
vespéral puis se parent pudiquement de leurs habits de nuit tandis que le
soir meurt sur la mer... Elles s’illumineront ensuite à la lumière blafarde
et indiscrète d’une lune presque pleine qui flotte impassiblement dans un
ciel sans nuage. Ce sont des instants magiques à savourer dans la
quiétude du couchant en dépit du vent ainsi que de la fatigue engendrée
par les 1 200 mètres de dénivelé du jour. Pas besoin de berceuses! Le
discret chant des vagues au loin suffira à me transporter d’un état de
contentement à un état de zénitude avant que je ne sombre dans un état
léthargique puis dans les méandres d’une nuit indulgente. Sans altérer
ma lumière et ma joie intérieure. Un privilège.