J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
Vodka on the beach

Cette précarité certainement due à un manque de moyens contraste
avec la générosité de leur accueil et leur sens de l’hospitalité. Le peu
qu’ils ont ils le mettent avec joie à ma disposition.


Le lendemain matin journée de lundi il faudra que je pousse la
voiture d’Avetis afin de l’aider à démarrer pour rejoindre la gare
maritime. Sur place j’ai bien la confirmation que mon bateau part le
soir-même et que je peux dès à présent acheter le billet. Un soulagement
après les interrogations de ces derniers mois car mon vélo ne fait pas
encore pédalo! Mais avant de partir il faut que je me fasse enregistrer
auprès des autorités. J’ai le choix entre le commissariat ou la poste. C’est
une affaire complexe et finalement mon ami trouve quelqu’un qui va se
porter caution et entreprendre la démarche avec moi au bureau de poste.
Au moins je ne serai pas fiché par la police russe si l’idée me prenait de
revenir. On voyage pour se libérer des contraintes et en cours de route
on est rattrapé par des règles et par des procédures !... Que devient la
liberté? Elle reste avant tout intérieure.
Le soir venu après avoir une dernière fois flâné dans la ville je
rejoins la file d’attente de l’embarquement. À mes côtés se trouve un
Hollandais qui voyage seul à moto. Il est impressionné de me voir là sur
mon vélo et a du mal à imaginer tous les kilomètres que j’ai déjà
parcourus. En ce qui le concerne c’est tout simple il n’a qu’à tourner la
poignée des gaz pour avancer.
Avant le départ je prends possession de la toute petite cabine que j’ai
réservée. Confort spartiate de marin sans fioritures : un lit un lavabo et
deux hublots inaccessibles sauf à se mettre debout sur la couchette.
L’amarre qui nous relie au port se détache de la borne où elle était
emprisonnée et laisse filer le ferry « Erke » sur l’eau de la mer Noire
appelée dans l’Antiquité le Pont-Euxin^74. Nous ne sommes pas
nombreux à faire cette traversée. Il y a surtout des travailleurs turcs qui
rentrent chez eux. Dehors je contemple le soleil couchant léchant les
monts du Caucase.


(^74) Qui signifie en grec : la mer hospitalière.

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