J'irai manger des khorovadz

Thé génocide et pollution

l’Histoire de leur pays sont tortueuses et difficiles. Elles demandent
l’oubli des notions préconçues sur la naissance de leur république
moderne et l’abandon d’un passé idéalisé qui glorifie leur nation. Elles
demandent l’acceptation et la compréhension de l’idée que certains de
leurs ancêtres ont joué un rôle de premier plan dans l’exécution du
premier crime contre l’humanité du XXe siècle. »^80
Décidément le monde est compliqué ou tordu. Il y a ceux qui
s’arrangent avec la vérité ceux qui la déforment et il y a ceux qui se
battent pour qu’elle éclate mais ils ne gagnent pas toujours. Les intérêts
en jeu sont malheureusement parfois plus forts que la vérité. « En
politique la vérité doit attendre un moment où quelqu’un aura besoin
d’elle. » écrira l’écrivain Björnstjerne Björnson. Mais Zola est plus
optimiste : « La vérité est en marche et rien de l’arrêtera. »

Le matin dans son garage mon ami Balto est bien affairé à réparer
méticuleusement ses filets à la lumière du soleil qui se fraie un chemin à
travers la vitre sale. Quand il a envie de manger du poisson il va à la
pêche. Souvent. Il monte simplement dans sa barque qui se trouve juste
au bord de la mer à 300 mètres de chez lui tout près de son studio.
J’admire ses mains agiles en train de vérifier minutieusement un à un
les fils et les attaches. Concentré sur sa tâche arborant une barbe de trois
jours il rafistole dans le calme avec habileté et précision ce que la
violence des flots et les rochers ont déchiré les trous par lesquels les
poissons qui voulaient vivre se sont échappés.
Je lui propose de l’accompagner durant cette matinée de pêche.
Cependant il m’explique que des raisons administratives un peu obscures
à mes yeux m’interdisent de monter à ses côtés dans la barque. Il aurait
fallu faire une demande au préalable. Dommage.
Il est temps pour ma part de repartir à vélo. Je reçois à nouveau de la
nourriture en cadeau et après de longs adieux je reprends cette
« autoroute » du front de mer.

(^80) Lory Tanelian - Le Levant - 12/2015.