J'irai manger des khorovadz
à flanc de collines je remarque toujours autant de plantations vertes
mais grâce à Balto je sais maintenant que ce sont des théiers. Des
ramasseurs sâactivent encore en procédant à la dernière récolte de
lâannée. à la faveur du climat humide et ensoleillé cette plante a trouvé
ici au bord de la mer Noire une terre de prédilection et sâest propagée
sur toute la côte. Rize la ville que jâai traversée hier est le centre de la
culture du thé en Turquie. Son développement est récent dans ce pays :
elle a été introduite juste avant la Seconde Guerre mondiale au moment
où le café était devenu hors de prix pour le peuple turc. Et les musulmans
ne buvant pas dâalcool le thé lâa supplanté comme boisson nationale. On
en boit jour et nuit sans modération ce qui fait de la Turquie lâun des
plus grands consommateurs sur terre de ces feuilles parfumées.
Jâarrive à la frontière grouillante de monde en cette fin dâaprès-midi.
Je mâétais promis de passer une nuit sur une plage avant de quitter
définitivement la côte. Aussi quand jâarrive à la douane de Sarpi avant
de pénétrer en Géorgie je fais le plein dâeau et jâeffectue sans remords
un demi-tour. Un kilomètre plus loin je trouve un endroit tranquille en
contrebas de la route à lâabri des regards et du bruit mais dâaccès
malaisé. Un effondrement de la chaussée sâest produit et lâescalier qui
mène à la mer sâavère partiellement détruit. Je ne pourrais même pas
descendre le vélo jusque sur la rive! Je mâinstalle sur les galets de cette
petite plage en espérant quâaucune marée ne viendra me submerger
pendant la nuit. Si jamais lâeau me rattrape je nâaurai pas besoin de faire
ma toilette le lendemain matin : voyons le côté positif!
Je suis époustouflé par la prestance élégante et imposante de lâastre
incandescent qui plonge dans la mer. Allongé à même le sol dans mon
sac de couchage à la belle étoile je savoure chaque seconde. Lâeau
engloutit le feu du soleil qui joue à cache-cache avec les nuages. Peut-
être va-t-il la purifier ?... Car il vaut mieux éviter de se baigner dans
cette mer Noire où le Danube déverse chaque année des dizaines de
milliers de tonnes de produits toxiques^81. La nature est vraiment
(^81) Courrier international - 17-7-2008 - Rapport du Conseil de lâEurope de juillet 2008.