J'irai manger des khorovadz
la route. Lâidée de passer la nuit dans un tel lieu insolite mâattire et je
serais bien allé partager leur vie pendant quelques heures. Mais le tout
petit bâtiment que je me rappelle avoir longé est en bordure de route.
Affronter une nuit avec le bruit de la circulation parfois intense ne
mâenchante pas. Cette fois-ci je privilégie lâoption « tranquillité » plutôt
que lâincongruité toutefois dans un autre contexte jâaurais bien
volontiers savouré une nuit au poste de police. Déçu je quitte la prairie
et jâavance lentement très lentement plus lentement encore en espérant
que les policiers ne vont pas me suivre. Un kilomètre plus loin une
voiture ralentit derrière moi. Je la surveille dans le rétroviseur et je vois
quâelle me suit à mon rythme pendant quelques centaines de mètres en
se laissant doubler par tous les autres véhicules. Jâimagine quâelle est en
panne et pourtant voici quâelle me dépasse à son tour. Je mâarrête. Elle
sâimmobilise et fait marche arrière sur le bas-côté. Deux personnes en
descendent et viennent vers moi. Elles me posent quelques questions sur
ma présence ici et repartent dans leur voiture. Je ne saurai jamais qui
elles étaient vraiment. Jâattends de ne plus les voir avant de chercher un
autre lieu.
Là où je mâoffre une halte je retrouve des vaches avec leur gardien
sûrement celles que jâai croisées. Elles ont lâair bien gentilles ces
pauvres bêtes! Je continue donc attristé de la réputation quâon leur fait.
Plus loin je repère enfin un endroit plus serein éloigné de la route. Il fait
quasiment nuit et ce sera montage de la tente dans la pénombre et repas Ã
la frontale comme câest souvent le cas maintenant. La nuit rattrape le
jour.
Au réveil je retrouve les fameux bestiaux « dangereux » qui
déambulent à quelques mètres de ma tente. Plutôt sympathique ce
troupeau dâune centaine de bêtes! Jâobserve leur déplacement mené par
le paysan et je découvre quâil sâagit de vaches-baigneuses! Une fois
quâelles ont atteint le bord du fleuve le fermier les rassemble après les
avoir laissé brouter et les fait traverser. Lâeau leur arrive au collet vers le
milieu du gué. Sur lâautre rive trois autres paysans les attendent. On
dirait de lâéconomie collaborative et solidaire : un cheptel partagé. Au