J'irai manger des khorovadz
autant? La vénération que lui portent certains habitants de Gori est une
réponse en soi quand bien même les autorités ont décidé de déboulonner
(de nuit) son imposante statue installée sur la place principale. Elle est
toujours en attente de déménagement dans le parc du musée. Il en existe
une réplique grandeur réelle dans le parc Staline.
La guerre éclair contre la Russie en 2008 a laissé des traces et les
dégâts sont encore visibles. Dâailleurs le secteur a été occupé par les
Russes et plusieurs civils sont morts dans les affrontements. La tension
nâest pas complètement retombée. Il suffit de rouler quelques kilomètres
au nord de lâautoroute et lâon retrouve alors la ligne de frontière créée
par les Russes avec lâOssétie du Sud. Il est encore délicat de sây
aventurer. Les voyageurs trop téméraires peuvent être arrêtés par une
patrouille russe ou il est possible de tomber sur des mines.
La guerre. 1954. Moi aussi jâai vécu dans un pays en guerre. Cette
année-là mes parents mâont donné la vie la première semaine de
novembre. Ils ont été ravis dâadapter leur quotidien à mon arrivée mais
contraints en même temps de sâaccommoder des hostilités naissantes. La
guerre dâAlgérie qui ne disait pas son nom venait dâéclater
« officiellement » et les huit premières années de mon existence ont été
vécues dans cette atmosphère. Ce conflit mâa un peu volé mon enfance et
lâidée que je me faisais dâun monde joyeux et paisible. Ce nâétait pas
lâenfer à notre porte car à Oran dans la ville où nous vivions les
affrontements étaient moins présents. Mais il y a des événements des
bruits des attitudes des paroles qui marquent une vie dâenfant.
Câétait un matin tranquille comme nous pouvions les vivre de temps
en temps dans ce quartier pas très éloigné du centre-ville. Dans lâavenue
Albert 1er^89 nous venions dâemménager dans une magnifique villa de
quinze pièces entourée dâun jardin. Les dalles de la cour pavée ont
supporté sans broncher mon apprentissage de lâéquilibre sur une selle de
vélo. Câétait un modèle dâenfant à petites roues et gros pneus sans
freins. Les arbres sont restés les témoins impassibles de mes chutes et de
(^89) Aujourdâhui dénommée « Ben Boulaid Mustafa ».