J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
Police!

mes pleurs. Le jour venait à peine de se lever sur les terrasses de la ville
et de la casbah quand soudain des coups sur la ferraille nous ont tous
réveillés et ont sorti le quartier de sa torpeur apparente et fragile. Le
moindre bruit inhabituel nous mettait en alerte.



  • Blam Blam Blam.
    Le cognement retentissait de plus en plus fort

  • BLAM BLAM BLAM!
    Un nouvel attentat? Un accident? Une bagarre?
    Mes parents se sont levés précipitamment. Notre nounou a regardé par
    la fenêtre entrebâillée du balcon afin de comprendre ce qui se tramait à
    l’extérieur. Des militaires et des policiers français étaient arrivés devant
    notre entrée et tambourinaient sur le portillon à l’autre extrémité du
    jardin pour qu’on leur ouvre. La nounou en chemise de nuit pas toujours
    encline à pacifier les relations a prestement sorti le tourne-disque et l’a
    posé près de la fenêtre sur le balcon. Elle a déposé un vinyle sur le
    plateau tournant puis a enclenché à fond le bouton du volume. Un son
    nasillard s’est échappé du haut-parleur et un chant patriotique a trouvé le
    chemin de nos oreilles et aussi des leurs. Je me souviens encore du titre
    « C’est nous les Africains » – chant militaire interdit en France après
    l’indépendance – ce qui a eu comme conséquence immédiate de les
    énerver davantage. La tension était à son comble. Les coups et
    maintenant la musique déchiraient le silence tendu.
    Les policiers continuaient de taper vigoureusement sur la porte en
    métal.

  • Ouvrez au nom de la loi ouvrez!
    Des échanges verbaux fébriles ont commencé à poindre entre le
    balcon et l’entrée. Finalement mon père a ouvert et les hommes ont
    pénétré dans la cour. C’était une perquisition à l’aube et ils cherchaient
    des armes. Ils ont commencé par fouiller le rez-de-chaussée. J’étais
    encore dans mon lit mes frères également. Voilà que ces soldats en
    uniforme que nous ne connaissions pas faisaient irruption dans notre
    chambre à l’étage s’introduisaient dans notre intimité tout en tentant de
    nous rassurer. Nous étions terrifiés en regardant ces hommes armés ne
    sachant pas ce qu’il allait advenir de nous. Allaient-ils nous sortir de nos

Free download pdf