J'irai manger des khorovadz
sâinquiète de ce quâil peut faire pour moi. Je ne suis pas sûr de bien
comprendre aussi je lui fais répéter.
- Do you need something water for example? (Avez-vous besoin de
quelque chose de lâeau par exemple ?) - Yes why not? (Oui pourquoi pas ?)
Et à cet instant il se penche à ses pieds puis se relève après avoir
attrapé une bouteille. Il me la tend : lâétiquette indique que câest de la
vodka. - Non merci ça ira comme ça!
Il nâinsiste pas du tout et range sa bouteille sans manifester
dâétonnement. Je ne saurai jamais si câétait vraiment de lâeau. Jâespère
quâils ne sont pas chargés des contrôles dâalcoolémie.
Plus loin sur le bord de la route un homme mâinterpelle. Il est en train
de nettoyer un mouton quâil vient dâégorger et tient absolument à me
prendre en photo à côté de cette carcasse toute fraîche suspendue Ã
lâarbre. Je ne veux pas le décevoir et mâexécute sans conviction.
à la sortie dâun village quelques habitants guettent nonchalamment le
client. Probablement une famille. Six seaux et des cageots de fraises
pommes et grenades garnissent leur étalage de produits du terroir. Un
homme dans la soixantaine pantalon et chemise à carreaux me dévisage
longuement à côté dâun gamin de dix ans assis sur un banc. Je décide
dâacheter des fruits. Je prends trois pommes dans les deux récipients
différents où sont entreposés les produits. Une des femmes la tête
couverte dâun fichu vert jusque-là enjouée et rieuse se met en colère.
Jâessaie de comprendre je lui explique que je ne vais pas voler ses fruits
et que je veux les payer. Elle me demande trois lira. La plus jeune sây
oppose et lâair brusquement irrité me fait signe de partir en haussant le
ton tout en me donnant les fruits. La relation se tend sous le regard
amusé des autres. Je ne saisis rien à ce qui se passe je mâéloigne au plus
vite afin dâéviter les complications. Je crois peut-être comprendre que la
vente se fait au seau et que jâai détruit sa présentation et son calibrage de
poids en enlevant quelques unités. Je file sur la pointe des pneus.
En fin de journée près du village de Nakhiduri jâimplante mon
campement en lisière dâun champ de maïs et derrière une haie dâarbres.