J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

priorité s’impose : mon téléphone est toujours aphone. Je me rends à la
Mairie dans l’espoir de trouver de l’aide.

• Bonjour serait-il possible de consulter votre annuaire et d’utiliser
  votre ligne téléphonique?
  Médusée la secrétaire me regarde se demandant d’où je sors puis
  appelle à la rescousse un adjoint à qui je raconte à nouveau mon histoire.
  Il a manifestement l’air de me croire. Dans l’intention de le convaincre
  je lui propose d’aller voir mon vélo en bas de l’escalier d’accès. Et c’est
  là que je me sens un peu confus : j’avais laissé accrochés sur le mât du
  drapeau bien visibles mon gant de toilette la serviette et surtout le reste
  de la lessive du jour. Avec le bout de tissu qui a remplacé la feuille de
  vigne.


• Vous venez d’où?


• De Valence.


• Et vous allez où?


• En Arménie mais ma prochaine étape c’est Besançon.
  Je mentionne la ville espérant le rassurer c’est quand même plus
  proche de chez lui! Un court silence dubitatif s’installe ; j’espère qu’il
  comprend ma détresse.


• Venez avec moi on va aller dans mon bureau
  Il m’installe sur un coin de la table de travail et pour les prises de
  rendez-vous avec les journalistes il met à ma disposition un téléphone et
  les documents indispensables à la recherche de numéros. Ma tâche
  accomplie je reprends mon vélo en n’oubliant pas de décrocher
  rapidement le linge en train de sécher. Toutefois avant de repartir je
  vais admirer les bâtiments de la Saline Royale la belle idée de Claude-
  Nicolas Ledoux architecte visionnaire du Siècle des Lumières. Ces lieux
  étaient utilisés pour la production de sel activité initiée au Moyen-Âge.
  Leur construction s’est déroulée entre 1775 et 1779 sous Louis XV. Ce
  site audacieux et utopique abritait des lieux d’habitation et de
  production une sorte de communauté de travail. Une activité industrielle
  dans un bijou architectural des édifices imposants en pierre brute : ceux
  qui y exerçaient leur activité ne devaient pas se rendre compte de leur
  privilège. La Saline a fermé ses portes en 1895 abandonnée pillée puis